Débats sur les planches

Le texte de 1991 d’Howard Barker se déroule en plein cœur de la Renaissance. Galactia, peintre reconnue, reçoit la commande d’un tableau qui représentera la glorieuse victoire de Venise lors d’un célèbre affrontement religieux, la bataille de Lepanto. «La commande est donnée par l’État de Venise qui veut célébrer la victoire, mais Galactia va plutôt dénoncer toute la merde que ça a fait, toute la charcuterie, la boucherie. C’est une militante, c’est presque une Sainte-Jeanne», précise Gill Champagne, metteur en scène de la pièce.

La beauté de la pièce ne tient pas seulement dans l’histoire fascinante. «C’est une pièce très accessible pour le grand public. C’est la raison pour laquelle on peut se permettre d’être très éclatés dans la forme, d’avoir un regard plus évocateur, plus illustratif», explique Gill Champagne. Plusieurs éléments qu’il est assez rare de voir au théâtre rendront la pièce extrêmement dynamique. En plus des comédiens, sept danseurs seront sur scène pour une grande partie de la pièce. Pas toujours évident la danse, lorsqu’il y a de l’eau dans le décor! «Un handicap de plus, lance le metteur en scène. On a dû changer certaines chorégraphies parce que ça glissait trop.»

Toujours d’actualité
Bien que plusieurs siècles se soient écoulés entre le moment où se situe l’action de la pièce et aujourd’hui, les thèmes abordés sont des plus actuels. Monsieur Champagne affirme qu’il y a «plusieurs petits débats dans cette histoire, entre autres la place de la femme artiste au XVIe siècle, qui n’a pas changé tant que ça finalement aujourd’hui». Une autre controverse omniprésente dans la pièce est le contrôle de l’art par le gouvernement. Ce problème s’est vu réaffirmer à la veille des dernières élections, mais le metteur en scène jure avec un sourire en coin que la production de Tableau d’une exécution était dans l’air depuis longtemps et qu’il ne s’agit que d’une heureuse coïncidence : «Il y aussi le débat politique-artistique. On est en plein là-dedans aussi de nos jours, entre autres avec les coupes récentes dans l’art. Mais j’avais depuis quelques années l’idée de monter cette pièce-là.»

Il est toujours intéressant de voir l’art prendre position sur l’art. C’est ce que propose Tableau d’une exécution, qui promet une réelle prise de conscience, en même temps qu’un moment de divertissement certain. Présentée du 4 au 29 novembre à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre.

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