Hugues de Bergerac

«C’est un texte magnifique, une des plus belles histoires d’amour, et bien que ce soit écrit en alexandrins, ce n’est pas poussiéreux du tout. Au contraire, c’est une langue qui rebondit; les vers sont souvent partagés, divisés entre les personnages», affirme d’entrée de jeu Hugues Frenette, au sujet de Cyrano de Bergerac d’Edmond Rostand, écrite en 1897.

Le défi était «costaud» pour ce comédien de 35 ans. «C’est un des rôles les plus exigeants de la dramaturgie, dit-il. Les gens me disaient d’en prendre soin, ce qui n’était pas tant une mise en garde, mais plutôt une façon de dire : “On a envie d’assister à un Cyrano qui va nous conquérir”.»

Cyrano, l’homme
Pour aborder le personnage, Hugues Frenette a donc essayé de trouver en Cyrano l’humain, le type ordinaire. «C’est une figure emblématique d’une telle prestance; au lieu d’essayer de l’atteindre, je l’ai ramené à moi le plus possible, en essayant de ne pas me soucier de toute sa grandiloquence. Certains personnages exigent beaucoup de recherche au niveau des couches de sous-textes, mais pour Cyrano, c’est différent. Il est d’une grande franchise, presque naïf parfois. Quelque part, c’est presque un enfant. Il oscille toujours entre le petit gars et le grand orateur. J’ai donc dû tenir compte de ces deux pôles-là pour me l’approprier tout à fait», explique-t-il.

Il parle de son personnage avec passion : «Dans la pièce, on va se rendre compte que son foutu pif va l’empêcher de vivre, et je pense que c’est ce qui parle à tant de gens. Cela rappelle les limites qu’on s’impose soi-même, parce qu’on se met à douter. C’est ce qui rend le personnage attachant parce qu’autrement, il pourrait sembler antipathique tellement il est suffisant. On se reconnaît tous un peu en Cyrano.»

Une pièce primée
L’accueil qu’a reçu le spectacle, depuis sa création en mars dernier, a été «formidable», aux dires du comédien. En effet, l’équipe s’est méritée le Prix de la critique 2008, la tournée aura visité les grandes salles de près d’une douzaine de villes, incluant le Centre national des arts à Ottawa, et au total, c’est une soixantaine de représentations qui auront été jouées au terme de ces supplémentaires.

Hugues Frenette, quant à lui, s’est vu remettre pour son interprétation de Cyrano, le Prix des abonnés du Trident et le prix Paul-Hébert, décerné par un jury composé de gens du milieu théâtral. «Ça me laisse croire que j’ai peut-être été à la hauteur du défi, commente l’acteur, avec à la fois une pointe de fierté et d’humilité. Un rôle comme ça, il en passe un ou deux dans une vie.»

Est-ce un choc pour lui de se voir avec le nez? «Le coup d’oeil n’est pas désagréable», conclut-il.

Consulter le magazine