«On apprend qu’une jeune fille a été retrouvée morte dans un fossé, après être sortie d’un bar cinq heures plus tôt. Durant la pièce, on va tenter de trouver ce qui s’est passé pendant les cinq heures en question.» Voilà ce qu’explique d’entrée de jeu Christian Lapointe, metteur en scène, au sujet de sa plus récente création. Selon le concepteur, Jean Hazel, l’auditoire attentif aura même la possibilité de démasquer le meurtrier au fil des actes : «Ça va prendre quelqu’un d’habile, mais certains indices éparpillés pourraient permettre à quelqu’un de perspicace de percer le mystère». Une expérience rarement vécue au théâtre.
Derrière la façade d’une enquête policière enlevante se cache une critique assez directe de la société et des préjugés que peut cacher la population sur la violence. En effet, plus la pièce progresse, plus on s’aperçoit qu’on cherche sans cesse à démontrer que la victime était à risque, vivait dans un mauvais milieu ou avait des fréquentations peu recommandables, probablemment plus à tort qu’à raison. N’est-ce pas ainsi que la population générale pourra se sentir elle-même en sécurité? C’est la réunion de ces deux volets de la pièce qui «fait en sorte qu’elle s’adresse aux gens de 15 à 75 ans», assure Jean Hazel. Le metteur en scène complète en précisant qu’il y a «un côté cru, un côté trash que les cégépiens vont aimer, mais il y a aussi une mécanique théâtrale et une analyse sociétale qui va plaire aux plus âgés».
Le texte de Nature morte dans un fossé est une succession de monologues entre six personnages différents, le tout accompagné d’un fort support visuel intégrant à la fois décors, vidéos et éclairages. Christian Lapointe explique que «la pièce est très dynamique, la mécanique est même plutôt ludique. Le spectacle est un peu construit en couches : le texte dit quelque chose pendant que l’éclairage en dit une autre, les gestes en disent une autre et la vidéo aussi. Peu à peu, on fait des liens et on finit par comprendre l’ensemble de ce qui nous est présenté.»
Nature morte dans un fossé sera présentée au Théâtre Périscope jusqu’au 28 mars. L’équipe se déplacera par la suite à Moncton pour quatre représentations. Elle prévoit une tournée provinciale d’ici les deux prochaines années.
