Monument inspiratoire

L’exposition Ingres et les modernes porte bien son nom. On y reflète l’influence que cet artiste français a eue sur les peintres modernes et contemporains. D’ailleurs, Ingres, de son vivant, a été des plus critiqués quant à ses toiles, suscitant moquerie ou admiration. Certains le blâmaient vivement en raison des déformations présentes dans ses corps peints, allant jusqu’à dire qu’il ne savait pas dessiner. Pourtant, il est bien facile d’observer la «précision de chirurgien» que possède Ingres, comme le disait Baudelaire. Ingres n’est tout simplement pas un peintre réaliste. Même si on le catégorise dans les peintres néo-classiques, il est possible d’observer chez lui une évolution tendant vers le néo-impressionnisme.

L’exposition regroupe bien les trois genres recouverts par ses œuvres : les peintures historiques, les portraits et les nus féminins. C’est dans l’orient mythique, où il représente ses fameuses odalisques et baigneuses, que l’artiste sera le plus profondément inspiré. On retrouve également en bonne proportion les œuvres modernes influencées par l’artiste, passant des esquisses de Marcel Duchamp au célèbre Violon d’Ingres de Man Ray. Que ce soit des copies, des pastiches ou des œuvres simplement inspirées de son art, il est étonnant d’observer à quel point ce peintre a inspiré plusieurs artistes, faisant ainsi état de son ampleur.

Ses œuvres trouvent un juste milieu entre le réalisme et l’idéalisme. Il se plait à jouer avec les lignes, leur donnant tantôt un aspect déformé, tantôt plus sensuel, sans oublier son trait précis et rigoureux. Reproduisant particulièrement bien les textures, il sait donner vie à sa toile. Un texte de présentation du MNBAQ décrivait ainsi son art : «Ingres exalte le nu, plaisir visuel de décrire la beauté du corps, plaisir sensuel d’imiter la chair et ses matières». Il peint les courbes selon son œil et son idéal de beauté, plutôt que celles conventionnelles et réalistes, allant même jusqu’à les intensifier parfois à un tel point, que dans La grande Odalisque, on retrouverait trois vertèbres en trop.
 

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