«L’art» de s’autopublier

Ce n’est pas pour le plaisir que les maisons d’édition se dotent d’une équipe de spécialistes, comprenant comité de lecture, réviseurs et graphistes. Non, ce n’est pas pour le plaisir… c’est parce que c’est NÉCESSAIRE. Mais ça, les «Éditions» Stroff-Arts ne l’ont de toute évidence pas compris, ni mis en pratique dans leur recueil de contes Ventcour.

En sachant que les Éditions Stroff-Art avaient été fondées par des jeunes de Québec qui se donnaient comme mission de publier, sans censure, des artistes qui n’avaient pas eu leur chance dans le méchant monde de l’édition, je me suis dit: «Mais quelle entreprise louable !», ou encore:  «Mais quels gens dynamiques !». Pourtant, quelle ne fut pas ma déception lorsque je feuilletai ledit livre.

Parlons d’abord de ces petites choses qui font qu’un livre est beau, bon et surtout, compréhensible. Est-ce trop demander qu’un livre qui mérite d’être publié le soit sans faute d’orthographe et de grammaire? Je ne vous parle pas de coquilles ou encore de ce type de fautes que seuls les linguistes chevronnés peuvent percevoir. Non, je vous parle de fautes enfantines, comme «il veux». Vraiment, ce livre est écrit dans un français plus que médiocre. Aussi, est-ce trop demander qu’un graphiste se charge d’uniformiser la typographie du texte? Est-ce trop demander d’avoir, au moins, le même caractère partout dans un même conte? Sans farce, les gars, ne savez-vous pas qu’il existe de nombreux étudiants qui ne demandent qu’à être chargés de tels projets pour une bouchée de pain, histoire de se faire la main et d’ajouter une expérience à leur C.V.? Bon, vous me direz que je ne suis qu’une vieille chipie qui s’attarde à des peccadilles et qui n’a fait jusque là qu’une lecture superficielle du recueil. Malheureusement pour moi, je suis passée par-dessus ma première mauvaise impression et j’ai lu le livre.

Il est définitivement clair qu’il n’y a eu aucune sélection des textes. Sinon, je ne vois pas pourquoi un récit mettant en scène un chat, nommé Neige, gravitant dans l’univers fantastique du «palais royal de la cité de Cronos, capitale du royaume de Minos et membre de l’alliance de l’Est» et interagissant avec des «dragonnettes» nommées, avec beaucoup d’originalité, Pot-au-feu, Briquet, Tison et Allumette, puis sauvant le monde avec une espèce de minotaure «gros poilu roux» prénommé Mario devrait être lu. Vraiment, je ne vois pas. Aussi, pourquoi insérer dans le recueil un texte écrit en allemand. On est au Québec… Ici, on parle français, et le pourcentage de gens qui comprennent l’allemand est somme toute assez minime. C’est bien de vouloir ouvrir nos horizons, de voyager par la littérature. Ce l’est un peu moins quand personne ne comprend le texte. Un traducteur, ça vous dit ?

J’arrêterai ici ma montée de lait, non parce que je n’ai plus rien à critiquer, mais bien parce que je voudrais souligner les magnifiques dessins de Dominic Arsenault. Merci Dominic, sans la qualité graphique de ta BD, ce recueil n’aurait aucun sens. Continue ton travail et tente de te faire publier ailleurs la prochaine fois !
 

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