Photo: courtoisie, Audrey-Anne Béliveau

Artcore 2018: à leur meilleur au fil d’arrivée

La fin de la session d’hiver signale pour de nombreux étudiants chaque année l’heure des bilans, des derniers efforts avant la graduation. Il s’agit également pour certains d’un moment pour afficher le fruit de trois années d’apprentissage et d’expérimentation. Les finissants du Baccalauréat en arts visuels et médiatiques présentent dans cette lignée Artcore, une exposition collective au cœur de La Fabrique, jusqu’au 27 mai. 

Véritable tradition attendue chaque année par le milieu culturel de Québec, l’événement rassemblant les œuvres des 21 artistes de la cuvée 2018 a investi une partie des troisième et quatrième étages de l’édifice du quartier St-Roch, sous le regard attentif des commissaires Andréanne Lesage et Susie Dufour. 

La vaste pièce abritant les ateliers individuels des étudiants au baccalauréat a été vidé de ses paravents et autres tables de travail afin d’offrir le plus d’espace possible aux artistes-finissants, en accord avec les différents médiums utilisés dans le cadre de leur pratique. Se côtoient ainsi la peinture, la photographie, le masque, la sculpture. « On était vraiment là pour conseiller, pour leur offrir un regard extérieur sur leurs projets, avance la commissaire Lesage. Conseiller surtout la mise en place des œuvres, pour qu’il y ait des liens intéressants d’un projet à l’autre, mais aussi pour équilibrer afin qu’il y ait une certaine harmonie dans l’ensemble, pour que les espaces choisies mettent en valeur le plus possible les œuvres. » 

Des points au sol mènent le visiteur vers deux petites pièces adjacentes permettant la présentation plus intimiste d’installations mariant l’art sonore au visuel. Cette même piste pointillée se prolonge ensuite vers un ascenseur, direction quatrième étage, où d’autres œuvres sollicitant l’attention auditive attendent les curieux. 

Un reflet du travail d’artiste 

Sélectionné par les finissants eux-mêmes, le nom Artcore ne faisait pas office de thème pour guider la création de leurs projets respectifs – on remarque la proximité avec le terme anglais hardcore -, mais plutôt de mot synthèse en référence au processus artistique qu’ils ont expérimenté au cours de leur formation, selon la commissaire Andréanne Lesage. « Ça se réfère en gros à leur parcours universitaire, déclare-t-elle. Core peut vouloir dire le noyau d’une démarche artistique, ce que l’on développe durant ses études, c’est des années très riches pour le développement créatif. Il a aussi le geste artistique qui fait écho au choix de la couverture du catalogue : une table d’atelier. C’est de l’esthétique un peu salie, brute, le geste pouvant être ardu, violent. » Les artistes ne font pas dans le trash pour autant, nuancent à l’unisson les deux commissaires. 

« C’était bien de leur laisser de la latitude parce que c’est leur exposition de finissants, c’est eux qui se présentent comme ayant complété leur formation en arts visuels, ajoute Susie Dufour. Ils choisissent donc ce qu’ils veulent faire ressortir de ces trois années ; on est là pour leur poser des questions, les aider à préciser leur pensée, peut-être des fois leur mettre des limites. L’objectif est de les mettre eux en valeur. » 

Plus que l’étalage ultime du travail d’une cohorte de futurs artistes professionnels, l’exposition a permis aux étudiants de s’impliquer sur divers comités au fil de son organisation : espace, catalogue, vernissage, signalétique. « L’exercice de création d’une exposition de A à Z, c’est important, je crois, dans l’apprentissage des créateurs », croit Andréanne Lesage, plusieurs d’entre eux n’ayant jamais exposé dans un événement de cette ampleur. 

Un jalon important dans le parcours d’un artiste 

Sujet de grande fierté pour les étudiants, mais aussi d’un certain stress, l’aventure Artcore ayant débuté au début de la dernière session, l’exposition est un incontournable de fin de parcours. « C’est le moment où ils sortent dans le monde, dans le milieu artistique de Québec, des centres d’artistes viennent voir leur travail, il y a des bourses qui sont octroyées, explique Susie Dufour. Pour eux, c’est un grand moment où ils peuvent montrer ce qui représente le mieux leur pratique à ce jour. »  

Invitée à qualifier le travail des étudiants de cette année, sa collègue propose le mot autonomie, ajoutant que c’est ce qui a également guidé leur travail de commissaires. Seule légère déception pour cette dernière : l’éloignement de l’édifice La Fabrique du campus de Sainte-Foy, ce qui nuit au rayonnement des artistes dans la communauté lavalloise. 

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