En attendant Raif : le coût de la liberté

En sélection officielle pour la 41e édition du Festival du cinéma international en Abitibi-Témiscamingue, En attendant Raif est un documentaire où Luc Côté et Patricio Henriquez racontent le récit aussi inspirant que déchirant d’Ensaf Haidar, épouse de Raif Badawi, et de sa famille. Le portrait qu’ils brossent d’une situation aussi injuste qu’a priori indénouable a de quoi indigner, mais permet aussi d’exprimer une forme d’espoir que rien ne peut estomper.  

Par William Pépin, journaliste multimédia

Production : Colette Loumède (ONF)| Écriture et réalisation : Luc Côté et Patricio Henriquez | Durée : 2 h 29 | Sortie : 4 novembre 2022

Synopsis : Récit tragique d’une famille brisée par l’acharnement d’une monarchie absolue, En attendant Raif suit de l’intérieur, pendant huit ans, le combat inspirant d’Ensaf Haidar pour faire libérer son mari, le célèbre prisonnier d’opinion Raif Badawi.

D’emblée, le documentaire s’ouvre sur la présentation de la famille de Raif Badawi, installée à Sherbrooke en son absence. Sa femme, Ensaf Haidar, explique à la caméra le parcours de sa famille, qui, forcée de quitter l’Arabie saoudite, s’est déplacée au Liban, puis en Égypte et, enfin, au Canada une fois leur demande d’asile acceptée. En attendant Raif, c’est d’abord son combat acharné pour faire libérer son mari. Il s’agit d’un récit où, trop souvent, les bonnes nouvelles doivent être prises avec prudence et où, hélas, les déceptions s’accumulent plus rapidement que les petites victoires. Les huit années de combat que l’on suit témoignent du courage d’Ensaf Haidar, de sa détermination inébranlable. On y voit également ses enfants grandir à la caméra, tout aussi déterminé.es à retrouver leur père, condamné en 2012 à dix ans d’emprisonnement et à 1000 coups de fouet pour avoir critiqué le régime saoudien sur son blogue.

L’inaction des gouvernements et du Premier ministre Justin Trudeau est également pointée du doigt. Les documentaristes rappellent au passage un paradoxe longtemps dénoncé par les journalistes et une partie de la classe politique, soit celui d’un Canada exportant des armes à l’Arabie saoudite, un pays dont il s’indigne au passage de la piètre qualité de ses droits humains. Si cet enjeu n’est pas nouveau, il prend néanmoins une toute nouvelle dimension une fois abordée à travers ce métrage de 2 h 30, où ces sujets ont le temps d’être approfondis. Une mise en garde est toutefois de mise : En attendant Raif contient des images difficiles et traite de sujets qui le sont tout autant. Le documentaire s’adresse à un public averti.

Crédits photos © Macumba média II inc. et l’Office national du film du Canada

Consulter le magazine