Le besoin fou de l’autre : Entre survivance et résilience

Les vacances d’été tireront bientôt leur révérence. L’humidité lancinante d’un mois d’août turbulent fera bientôt place à la douceur automnale incertaine et les emplois d’été plus ou moins payants ouvriront le pas à un retour en classe masqué, non sans l’angoisse d’une quatrième vague déjà à nos portes. Le besoin fou de l’autre, une anthologie du théâtre québécois durant la pandémie de Covid-19, canalise cette angoisse et la transforme en quelque chose de neuf et de lumineux, et ce, malgré la dureté de certains textes.  

Directrice éditoriale : Valérie Deault | Collaborateur.trice.s : Maxime Beauregard-Martin, François Bernier, Hubert Lemire, Olivier Choinière, Steve Gagnon, Véronique Côté, Simon Boulerice, Isabelle Hubert, Suzanne Lebeau, Lise Castonguay, Agnès Zacharie, Éric LeBlanc, Jean-François Bolduc, Alain Farah, Evelyne de la Chenelière, David K. Ross, Gilbert Turp, le collectif Atwood, Marianne Ackerman

Par William Pépin, journaliste web

Survivance
« En temps de pandémie, les artistes du théâtre ont été fortement encouragé.e.s à investir les plateformes numériques pour garder vivant le lien avec le public et offrir leurs créations malgré tout, sans lieu où inviter les spectateur.trice.s en chair et en os. Cela pose la très belle question du lien, du liant, du contact et de la chair, précisément, dont nous avons tous et toutes le sentiment d’être privé.e.s depuis le printemps deux-mille-vingt. » Cet extrait de La Murale, texte d’Evelyne de la Chenelière, révèle l’élément déclencheur de cette anthologie. Le besoin fou de l’autre jongle avec les ruines du monde d’avant pour construire le monde d’après : même si l’on sent que plus rien ne sera jamais comme avant, même si parfois nous pouvons croire à notre propre désuétude, les nombreux textes ici rassemblées répètent, soulignent, prouvent, affirment et chantent la pertinence de l’art de la scène à notre époque, des plus troublées. Au fond, plus rien ne sera jamais comme avant et c’est peut-être une bonne chose : Le besoin fou de l’autre donne ainsi la plume à des créateur.trice.s talentueux.ses qui redéfinissent notre rapport à l’altérité dans une crise qui finira bien par finir un jour.

Résilience
Inutile de rappeler ici en quoi la pandémie a été difficile pour chacun.e d’entre nous. Pourtant, Le besoin fou de l’autre nous plonge dans des textes dramatiques à la mise en scène ingénieuse, prouvant que la créativité humaine peut s’adapter à presque toutes les situations, aussi graves soient-elles. Exit l’immersion des salles de théâtre et les rangées de sièges bien remplies; place aux représentations dans les rues, dans les parcs et… sur Zoom. Même si ce genre de contexte n’est pas toujours idéal, la résilience qui s’en dégage a de quoi inspirer.

Pour celles et ceux qui hésitent encore à se rendre au théâtre, sachez que Le besoin fou de l’autre contient des textes d’une qualité littéraire exceptionnelle qui se savourent indépendamment d’une scène. Je pense entre autres aux textes Le temps qu’on traverse d’Alain Farah ou encore L’espace entre nous d’Evelyne de la Chenelière, qui nous aident à voir clair entre deux conférences de presse de François Legault, dans le brouhaha des réseaux sociaux et dans notre anxiété collective, face à un avenir où tout doit encore se jouer.

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