La formation metalcore Bring Me The Horizon a lancé un nouvel album le 4 octobre dernier.

Bring Me The Horizon

Bring Me The Horizon s’est imposé dans le paysage musical tel un invité dont on ne sait trop quoi en faire. Cinq jolis jeunes garçons britanniques, mettaient de l’avant un metalcore trop souvent générique et mal exploité à la crédibilité plutôt fragile. Le genre de groupe dont on questionnait les motivations. Ce sentiment s’est estompé avec la sortie de Suicide Season, en 2008, et s’efface avec There Is a Hell (Believe Me I've Seen It. There Is a Heaven Let's Keep It a Secret), un album plus substantiel et nuancé disponible depuis le 4 octobre dernier.

La première écoute commande d’oublier ce que l’on connaissait de la formation. Sans pour autant donner dans autre chose que le hardcore, c’est musicalement mieux balancé. Des pièces comme «It Never Ends» et «Crucify Me» écartent l’effet brouillon au profit d’une instrumentation toujours mordante, mais repensée. La participation à deux morceaux de l’artiste féminine Lights amène une saveur nouvelle et équilibrée, aussi insensée qu’appréciée. Son arrivée à mi-parcours dans «Don’t Go» permet de reprendre son souffle, une accalmie angélique parmi les guitares pesantes et la batterie épileptique. Un risque admirable qui paie. Si la question de la dualité entre le bon et le mauvais est omniprésente sur There Is A Hell, elle est musicalement très bien rendue. Les ambiances alternent, les émotions aussi.

L’évolution s’apprécie également au niveau des textes. Il semble que le groupe ait pris tout un bain de maturité. Oliver Sykes explore des thématiques personnelles, délaissant un peu le côté inutilement agressif et fêtard qu’il semblait tant chérir auparavant. Le chanteur se tourne vers son propre passé pour y puiser des éléments qui, réunis, témoignent d’une colère justifiée et d’une volonté de la combattre. Toutefois, on a malheureusement droit à quelques clichés, notamment sur «Anthem», où les paroles sont plutôt puériles. Côté rassembleur, on a déjà vu mieux que «This is the anthem, so f——g sing». On déplore également certaines références faciles à la religion, quelques «God forgive me for all my sins», dont la présence est agaçante. Mais globalement, ce qui aurait pu facilement tomber dans le mélodramatique devient le meilleur effort du groupe à ce jour. Comme quoi nos démons sont souvent propices à de belles poussées créatrices.

3.5/5

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