Cabaret visuel et sonore

Après Tom Waits, l’unique Orchestre d’hommes-orchestres s’attaque à un autre grand nom de la chanson : Kurt Weill. Résultat : un spectacle aussi imaginatif qu’inégal, qui ne comblera peut-être pas toutes les attentes.

Cyril Schreiber

Courtoisie Frédérick Auger

Dans une ambiance cabaret de l’entre-deux-guerres, les sept membres de l’OHO revisitent le répertoire de l’auteur de L’opéra de quat’sous avec toute l’imagination qu’on leur connaît. Fabriquant de la musique qui se voit, la bande de Jasmin Cloutier, Simon Elmaleh, Bruno Bouchard et les autres offrent un véritable spectacle musical à la limite du théâtre, d’où leur présence au Périscope.

Mais contrairement à leurs précédents spectacles, Kurt Weill – Cabaret brise-jour et autres manivelles semble s’attarder plus sur les chansons pour elles-mêmes, qu’elles soient en français, en anglais ou en allemand, que sur les effets visuels originaux – tout de même présents au demeurant. Si avant, la musique passait au second plan, ce qu’on pouvait leur reprocher, elle est ici au cœur du dispositif scénique qui met en place beaucoup d’objets, mais qui sait aussi notamment exploiter les éclairages. Les vrais instruments de musique sont aussi mis à l’avant-plan.

Malgré cette évolution, le second reproche qu’on pouvait faire à L’Orchestre d’hommes-orchestres par le passé, « il y a trop de choses à voir en même temps », s’applique malheureusement ici aussi. La force de l’OHO est aussi leur faiblesse : à trop vouloir en faire, il perd un peu l’essence, la formule magique qui marcherait à tous les coups, ce qui est loin d’être le cas. Pour quelques numéros magiques reliés à de bonnes idées de mise en scène, combien de moments étonnamment classiques et à vrai dire ennuyeux ? Hétéroclite et disposant de trop de transitions boiteuses, Kurt Weill – Cabaret brise-jour et autres manivelles se situe entre le grand n’importe quoi et le chef-d’œuvre, en n’étant heureusement jamais tout à fait ni l’un ni l’autre. Quoi qu’il en soit, le répertoire du compositeur allemand sied bien au groupe de Québec, et si le résultat n’est pas toujours satisfaisant, on ne pourra reprocher à L’Orchestre d’hommes-orchestres de manquer d’originalité, encore une fois.

Qui ? L’Orchestre d’hommes-orchestres
Quoi ? Kurt Weill – Cabaret brise-jour et autres manivelles
Où ? Théâtre Périscope
Quand ? Jusqu’au 28 avril

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