Photo : Archives, Impact Campus

Théâtre : le calendrier de l’hiver

Il y a eu le tour de force J’aime Hydro de Christine Beaulieu, qui a soufflé la Capitale après avoir conquis la métropole ; la divine surprise Hypo au Premier Acte, gracieuseté de Nicola-Frank Vachon (sans doute ce qu’on a vu de plus émouvant au théâtre en 2017) ; l’insupportable Titus au Périscope (pas d’entracte, des portes à l’avant : le cauchemar) ; la promesse du retour des Treize moribonds à l’Université Laval.  L’automne a été bon dans les salles de théâtre de Québec, malgré quelques fausses notes. Que nous réserve l’hiver ?  

Le Trident : une programmation étincelante 

Au Trident, Anne-Marie Olivier, qui signe sa cinquième saison, propose encore une fois une programmation alléchante, sinon affolante. Du 16 janvier au 10 février, le théâtre de la Capitale présente Quand la pluie s’arrêtera de l’Australien Andrew Bovell, fresque familiale et générationnelle coproduite avec LAB87 et Duceppe, à Montréal. Normand D’Amour, Alice Pascual, Christian Michaud et Paule Savard sont notamment de la distribution de cette pièce maintes fois primée.   

Du 6 au 31 mars, place à Incendies de Wajdi Mouawad, dans une mise en scène de Marie-Josée Bastien. La pièce-phare du dramaturge canadien, adaptée au cinéma par Denis Villeneuve et finaliste pour le Prix littéraire du Gouverneur général en 2003, raconte une quête des origines qui est aussi le portrait d’un Moyen-Orient déchiré par la guerre.  Ne reste plus qu’à espérer que cette tragédie poignante enflamme davantage les cœurs que la glaciale et pontifiante adaptation de L’Orangeraie de Larry Tremblay, montée il y a quelques années et qui exploitait les mêmes thèmes.  

Enfin, du 24 avril au 19 mai, Jacques Leblanc enfilera la perruque poudrée de Salieri (enfin, une échappée hors des 20e et 21e siècles !) dans Amadeus, célèbre pièce de Paul Shaffer portée à l’écran par Milos Forman en 1984. Pour l’occasion, les musiciens des Violons du Roy se joindront à cette production dont on attend beaucoup.  

La Bordée : théâtre d’aujourd’hui 

Si l’on y constate avec un pincement au cœur l’absence des comédies classiques ou des vaudevilles chers à l’ancien directeur artistique Jacques Leblanc, la dernière portion de la saison 2017-2018 du théâtre de la rue Saint-Joseph n’est pas pour autant dénuée d’intérêt, au contraire. Du 16 janvier au 10 février, la toujours fantastique Marie-Ginette Guay reprend son rôle de tenancière de bar au grand cœur dans la pièce Mme G. de Maxime Beauregard-Martin, créée en 2016 au théâtre Premier Acte. Cette œuvre à saveur locale rend hommage à Madame Thérèse, figure historique de l’avenue Cartier et femme d’exception.  

Du 27 février au 24 mars, Une bête sur la lune de Richard Kalinoski nous entraîne à Milwaukee, en 1921, dans le sillage d’un réfugié arménien. La pièce, présentée partout dans le monde et récompensée par cinq Molières en France, semble aujourd’hui plus que jamais d’une criante actualité.  

Enfin, du 10 avril au 5 mai, Jean-Michel Déry tient la vedette dans Lucky Lady de Jean Marc Dalpé, triple lauréat du Prix du Gouverneur général. On y retrouve le peu futé et badlucké Bernie, perdant perpétuel n’ayant pas renoncé à se battre, dont la vie en ruine se cabre en un dernier sursaut.  

Et les Treize ? 

Ils sont de retour ! Le conseil d’administration intronisé cet automne a tenu sa promesse : la troupe de théâtre historique de l’Université Laval retrouvera les planches cet hiver, après deux ans de tristes déboires. Au programme, deux pièces. D’abord, l’antique et grinçant (mais ô combien incontournable !) Théâtre de Poche accueillera Zone, premier succès du grand dramaturge québécois Marcel Dubé, récemment disparu. La pièce, qui met en scène un groupe d’adolescents s’adonnant à la contrebande de cigarettes dans le Montréal des années 1950, sera présentée du 21 au 25 février.  

La seconde production de la saison, Mentor un jour, mentor toujours de François Scharre et Bruno Lacroix, prendra quant à elle l’affiche du 21 au 25 mars (la salle est encore à déterminer). Cette comédie romantique française, publiée l’année dernière, reprend le schéma classique du choc générationnel (filon inépuisable s’il en est un !), assaisonné d’une réflexion sur la célébrité et l’amour.  

La nouvelle saison des Treize sera officiellement lancée le 26 janvier prochain, lors d’un 5 à 7 au Fou Aeliés. Pour l’occasion, les troupes des facultés de droit et de médecine, qui présenteront respectivement La Guerre des tuques (en mars) et Huit femmes de Robert Thomas (en avril), joindront leurs forces aux fringants rescapés. Puisse cette nouvelle vie être longue ! 

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