Combler le vide

En circulant devant la galerie au 345, rue du Pont, les voitures comme les passants se bousculent afin d’assurer leur place respective sur les voies étroites du cartier St-Roch. Même la poussière est bruyante à cet endroit, donc il est facile de négliger les différentes statues de La Pietà qui s’occupent dans les vitrines, le dos tourné vers la rue.

Pour accéder à l’espace d’exposition, il faut pénétrer par le bureau. Détail anodin, peut-être, mais les détails des plus infimes ne sont pas gratuits en ce lieu. L’accueil chaleureux, le drapé en velours noir qui agi comme porte d’entrée, font partie du rituel qui sert à préparer les initiés et les nouveaux venus pour l’installation in situ qui les attend. Ceux qui ont vécu La Chute des Anges, présentée à la Galerie des arts visuels de l’Université Laval en 2008, sauront à quoi s’attendre. Déchéance, cataclysme… le résultat d’une révolution qui ne peut être qualifiée de « tranquille ».

L’exposition ici présentée réunit alors plus d’une trentaine de socles de différentes provenances et de matériaux divers. Bois, plâtre et marbre se côtoient afin de créer une symphonie aléatoire juxtaposant le néoclassique au baroque, le gothique au romanesque et ainsi de suite. Un pur délice visuel qui détourne les principes de la colonnade traditionnelle. En circulant dans la pièce assombrie sur la plateforme périphérique, on remarque aussi l’éclairage provenant du sol. En fait, l’espace qui se trouve entre les piédestaux est enfouis par une deuxième collection d’objets : figures de saints, sculptures de la Sainte Famille, statues votives… tout le symbolisme d’une autre époque… en miettes. Du moins, elles sont presque toutes en morceaux. Si l’on prend le temps de s’arrêter et de chercher attentivement – si l’on a le temps, bien sur – nous allons peut-être retrouver les quelques vestiges d’une spiritualité longtemps perdue.

Crédit photo : Stéphane Bernard

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