La compagnie de danse Le Carré des Lombes était de passage à la Rotonde pour présenter Là où je vis.

Coup d’envoi

Les mutations se multiplient et prennent d’assaut les arts de la scène. Le centre chorégraphique contemporain de Québec, La Rotonde, ouvrait sa saison avec un spectacle où les formes d’arts se donnent généreusement au mode de la danse. En tournée autour du monde depuis près de deux ans et demi, voilà que le spectacle multidisciplinaire de Danièle Desnoyers s’est arrêté à Québec pour séjourner à la salle multi du Complexe Méduse pour trois soirs. Durant une heure, les gentils mutants, c'est-à-dire la musique électroacoustique de Nancy Tobin et la performance artistique live de Manon de Pauw, se sont prêtés au jeu de la chorégraphe de la troupe le Carré des Lombes. Un intéressant mélange à la  découverte de notre premier lieu d’accueil, là où nous vivons, notre corps.

Les cinq interprètes, Karine Champoux, Brendan Jensen, Molly Johnson, Bernard Martin et Pierre-Marc Ouellette s’animent et s’alternent au gré de leur «cohabitation». À travers les différents tableaux dans lesquels les personnages jonglent entre explorer, analyser, comprendre et refuser leur propre corps, s’ajoutent les aléas des contacts avec l’Autre. Les éléments de la chorégraphie se succèdent dans l’idée que nous avons besoin de l’autre pour se sentir en vie, mais tracent aussi la difficulté de cohabiter avec son prochain. On ne veut appartenir à personne d’autre qu’à soi-même. «Notre corps, c’est là où nous vivons, bâti à partir de là où nous sommes allés, d’où nous irons et de tout ce que nous voudrions réaliser», renchérit Danièle Desnoyers sur la thématique qui l’a menée à créer ce spectacle d’envergure internationale.

Là où je vis représente le début de l’hybridation des genres. L’imbrication des médiums est une méthode que chérit beaucoup Desnoyers. «Je suis aidée par des collaborateurs. Il n’y a pas de commandes, c’est un partage de l’espace qui se fait dans la création», soutient la chorégraphe qui croit que «tout part de la danse». L’univers central de l’œuvre de Danièle Desnoyers reste en effet le mouvement, le non linéaire, les changements de rythme, elle qui n’aime pas le statisme. Cette volonté de mouvement continu vient expliquer son désir de travailler en commun avec l’artiste Manon de Pauw. Cela permet une scénographie évolutive, qui ne stagne jamais. Elle suit les personnages au même rythme que l’émotion change.

Le milieu de la performance en arts visuels est en constante évolution, c’est une sphère artistique qui s’appuie sur l’éphémère. Lorsqu’elle est intégrée à un spectacle comme Là où je vis, qui perdure depuis 2008, elle semble perdre son souffle. Bien qu’intéressant, le travail de Manon de Pauw donne une impression de déjà-vu. Reste que les arts hybrides semblent être la voie qui s’ouvre pour les créateurs de demain. Dans le travail de Danièle Desnoyers, ce virage prend tout son sens: elle désire mêler pour ses prochaines créations danse et architecture. «La danse est une terre d’accueil qui se suffit à elle-même. Elle n’est donc pas gênée d’accueillir d’autres arts à ses côtés», mentionne cette artiste de la danse, qui a la conviction que tout est possible.

Consulter le magazine