Critique CD : Les Callas de Pierre Lapointe

Pierre Lapointe nous surprend avec une nouveauté sortie aujourd’hui le 3 décembre. Les Callas, c’est une offrande de seulement 22 minutes qui se divise en 11 chansons d’une beauté fragile et gracile.

La sexualité et la mort se chevauchent dans l’imaginaire de l’artiste. C’est peut-être pour cela qu’il s’est inspiré de la calla, la fleur d’après laquelle Lapointe nomme ce mini album. Autrefois, cette fleur blanche était utilisée lors d’enterrements, mais, maintenant, elle trouve sa place dans des évènements plus festifs comme les mariages.

Les callas accompagnent Lapointe tout au long de l’album, dans la rupture, cette fin douloureuse, ou décorant un amour qui oscille entre les ébats et les fantasmes. C’est le choc entre ces deux thèmes qui alimentent les émotions chantées par l’artiste : la nostalgie, les regrets, la haine ou une nuit d’amour avec un « rebound ». Le lyrisme s’entremêle subtilement à une vulgarité crue.

Dans cette nudité franche qui n’épargne aucun détail à l’auditeur, « Et le soleil se lèvera sur un autre jour sans toi. Et ce soir je me branlerai encore en pensant à toi », Lapointe crée des atmosphères musicales lumineuses. On a même l’impression que l’enregistrement s’est fait dehors au soleil. Plus qu’une figure de style, on entend réellement des sons « naturels » qui viennent parasiter légèrement les mélodies : la cigale dans Les Callas ou l’acouphène ambiant dans les quatre interludes instrumentaux. Loin de jurer avec les chansons, ces sonorités brutes s’intègrent avec justesse, elles contrastent avec la clarté des mélodies.

Un peu à la manière de Chilly Gonzales dans les deux volumes de Solo Piano, Lapointe privilégie une trame musicale plus proche de l’étude qu’une pop extravagante. Durant ses 11 courtes variations, l’artiste démontre à quel point il est capable de créer des mélodies qui touchent instantanément. Principalement au piano, mais aussi avec la guitare, les textes sont transportés, seulement un instrument à la fois, pour donner toute la place à la fébrilité émotive de l’interprétation qu’offre Lapointe.

Comme les fleurs du même nom, Les Callas est un mini album, un recueil où l’on retrouve l’amour, dans l’extase comme dans la rupture.

4/5

 

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