Critique CD : Traverser L’parc de Louis-Philippe Gingras

Traverser L’parc 
Louis-Philippe Gagnon
Simone Records

« J’me sens comme la plante qui pousse dans ton salon. Besoin d’eau, de soleil pis qu’tu montes tes totons. » Ce sont les deux premières lignes que Louis-Philippe Gingras chante avec désinvolture sur À Soir Bébé, la valse un peu dépareillée qui ouvre Traverser L’parc.

Avec ces deux lignes, un sourire se pointe au bout de nos lèvres, et il est toujours là quatorze pièces plus tard.

Ce que ce lauréat de la 30e édition du Festival en Chanson de petite Vallée nous offre c’est une écriture riche, en mots ou arrangements musicaux. On dirait qu’il nous raconte ses pensées, qu’il a écrites sur le verso d’une facture ou sur le carton déchiré d’une caisse de Labatt 50. On sent un besoin d’utiliser des mots que l’on utilise, que l’on connaît. Pas juste un son, mais bien une attitude country. Ce sont ses paroles, c’est un gars avec une guit’ qui nous dit comment il voit la femme, qui nous raconte l’histoire d’un gars avec une dent en or, qui boit du gatorade et qui regarde les étoiles. Tout est abordé comme ce que c’est, sans broncher même si ça fait mal, surtout si c’est grivois. Comme quoi, même en pleine déprime, un bon jeu de mot facile, ça fait du bien : « … et si je saute par-dessus toutes les filles de ma rue, y’auras-tu d’la place dans ton cul… mulus… ». La finesse et la sensibilité de sa poésie se dévoilent en puissance dans la trop courte Andromède. Une chanson qui commence, comme plusieurs autres, avec une femme au loin, inaccessible. L’homme qui chante, il ne sait pas quoi faire sans elle, alors il essaye de s’envoler. Gingras chante avec retenue des mots poignants, faisant jouer toute la subtilité et la douceur de sa guitare. On en voudrait plus.

Donc si vous êtes un cowboy, ou une cowgirl, enfermé(e) dans un appartement, qui attend juste de pouvoir remonter en selle dans sa Tercel pour retourner sur la route, cet album-là est pour vous. Un album d’entre-deux : entre la ville et le village, la balle de foin et le sac de plastique qui vole comme dans American Beauty.

 4/5 Julien St-Georges

 

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