Critique cinéma : Cobain, Montage of Heck

Le Clap a réussi à mettre la main sur le documentaire autorisé par la famille du chanteur et guitariste de Nirvana, Cobain : Montage of Heck, qui a fait un tabac depuis sa sortie. Le réalisateur Bret Morgen est le premier à avoir eu un accès complet aux archives de Kurt Cobain : vidéos personnels, enregistrements, journaux intimes, tout !

Kurt Cobain, l’idole d’une génération. Le musicien génial, irrévérencieux et grunge à la vie tourmentée. Le chanteur sur lequel on a tout voulu savoir, qui envoyait promener les journalistes et les tabloïds, qui vomissait sur la superficialité et qui ne voulait s’exprimer que par sa musique. Cobain qui avait fracassé la scène musicale américaine avec seulement deux albums et qui, en plein élan, s’est brutalement éteint le 5 avril 1994.

Quelque 20 ans plus tard, avec tout ce qui a été dit et inventé sur le compte du musicien, il apparaissait nécessaire que quelqu’un fasse le ménage. Ce à quoi s’est attelé minutieusement Morgen. Pour y parvenir, le réalisateur a effectué une série d’entrevues avec l’entourage immédiat de Cobain, chose qui n’avait jamais été faite auparavant, en plus de se livrer à des recherches en archives pendant des mois.

Imprégné par l’esprit de Kurt, Morgen propose un documentaire qui recrée une plongée dans l’univers du musicien. Les plans s’enchaînent rapidement, souvent de manière chaotique, avec la musique de Nirvana à plein volume. Changement de plan : ce sont les pages des cahiers de Kurt qui se remplissent frénétiquement et s’animent. Puis, sa première copine raconte ses débuts musicaux où il créait nuit et jour dans son petit appart miteux. Nouvelle coupure, les animations des dessinateurs Stefan Nadelman et Hisko Huksing recréent des scènes à partir d’enregistrements du chanteur, etc.

Bref, Cobain : Montage of Heck est un portait psychologique et biographique très intime. Pendant 132 minutes, le spectateur est propulsé dans le monde et la matrice de Nirvana et de son chanteur. Là se dessine le détail d’une personnalité fragile et précaire à la jeunesse difficile et houleuse, mais où percent une vitalité brute et un génie créatif inassouvissable. Puis, c’est sa vie adulte qui est vue de près, rongée par la drogue, illuminée et ravagée par son amour pour Courtney Love.

À l’image de Cobain, Morgen ne fait pas dans le flafla, son documentaire, œuvre d’art en lui-même, racontant sincèrement et sans fard l’histoire de ce géant.

 4/5

Arthur Paquet

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