Critique cinéma : Tu dors Nicole

Nicole est insomniaque. Elle dort debout, comme dans un coma éveillé. Son été est bien fade. Quand elle ne travaille pas à la friperie où elle passe son temps à garnir sa garde-robe, elle occupe son temps à jouer au minigolf, manger des crèmes molles et à débarrer son vélo.

Ann-Julie Nadeau

Insignifiant et vide seraient les mots les plus appropriés pour qualifier la vie de Nicole. C’est peut-être pour cette raison que le réalisateur Stéphane Lafleur a choisi de présenter sa vie en noir et blanc, choix esthétique qui met en relief les textures et les attraits de la banlieue. Le réalisateur manie les plans de caméra de façon exceptionnelle. Ils sont soigneusement travaillés par des lignes qui semblent s’harmoniser avec les arrangements musicaux de Rémy Nadeau-Aubin et Organ Mood. La mélodie du synthétiseur, plutôt linéaire et répétitive, définit le rythme et ponctue judicieusement l’émotion des séquences. On apprécie surtout le son de la harpe rappelant la somnolence de Nicole pour qui la tension monte subtilement jusqu’à une finale tant attendue.

Bien que le film soit incolore, les dialogues sont teintés d’un humour décalé. C’est en soi un tour de force. Le personnage-titre, interprété par Julianne Côté, nous fait voir la vie de façon anodine et ridicule. On aime voir l’évolution des relations entre les personnages qui gravitent autour d’elle. Sa meilleure amie, jouée par Catherine Saint-Laurent – une belle découverte ! –, lui est d’ailleurs d’un support remarquable. Marc-André Grondin campe le rôle d’un grand frère qui peine à garder son band en marche, son troisième en tout.

Les adeptes de cinéma d’auteur aimeront Tu dors Nicole, long-métrage pouvant être qualifié de contemplatif. C’est dans les détails et les silences qu’on apprend à apprivoiser l’univers singulier présenté par Stéphane Lafleur. D’ailleurs, le charme du jeune garçon amoureux de Nicole, dont la voix a mué beaucoup trop tôt, en vaut à lui seul le détour.

À vous de voir si Nicole se réveillera.

En salle au cinéma Le Clap tout le mois de septembre.

 

Consulter le magazine