Critique de l’alvum « North Americana » de Leif Vollebekk

Leif VollebekkBelle époque pour les amateurs de folk et d’americana. En effet, de nombreux artistes se prêtent au jeu d’une musique organique, près des racines musicales de notre continent, tout en s’inspirant de piliers tels que Bob Dylan et Neil Young. Pourtant souvent bien exécutés, rares sont les albums qui passent le test ultime de l’habitude ; d’ailleurs, les raisons qui font qu’on se met à écouter un disque en boucle sont parfois obscures et relèvent du domaine du quasi indéfinissable.

North Americana, dernier-né de Leif Vollebekk dans les bacs depuis le 19 février, risque de sortir glorieux de ce test ultime. Ses adeptes de la première heure seront en terrain connu et retrouveront un peu d’Inland ( 2010 ), mais l’interprétation et la finesse des compositions ont bénéficié d’un cran de maturité artistique. Le Montréalais d’adoption nous offre une musique qui prend aux tripes et qui en semble issue. Ses textes sont sensibles et dénotent un sens de l’observation de la poésie qui s’immisce en toute simplicité dans l’existence. On parle d’amour, de femmes, d’amitié, avec pour trame de fond un continent assez vaste pour tenir toutes les histoires possibles. En peu de mots, on accède à des états d’esprit : « Thin winter trees looking like railings for the sky /I got my bare hands in my coat pockets, it’s so cold I could cry » ( Cairo ) ; « Now I’m staring at your shirtsleeves/ And they’re looking like parentheses » ( Takk somuleidis ). Son timbre agréable rend tout le naturel d’un récit déclamé avec authenticité et l’ensemble a quelque chose de sensuel et de réconfortant.

Les vers sont habillés d’une musique sans artifices. Guitare, contrebasse, percussions simples et viscérales, de l’harmonica pour l’âme et un peu de steel pour la couleur. Le tout semble exécuté avec la souplesse de musiciens jazz — d’ailleurs, le bassiste Hans Bernhard et le batteur Philippe Melanson sont issus de ce milieu.

L’album a été enregistré dans plusieurs studios afin d’obtenir une prise idéale pour chacune des pistes ( Hotel2Tango, Montréal ; La Frette, près de Paris ; Magic Shop, New York… ) et ce souci d’une réalisation impeccable est audible du début à la fin. Résultat : des chansons à l’épreuve des oreilles tatillonnes.

4/5
Justine Pomerleau-Turcotte

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