Critique du Gros Show au Théâtre Périscope

Lundi dernier avait lieu la deuxième représentation d’une série de trois du « Gros Show ». Diffusé simultanément sur les ondes de CKRL, le radiothéâtre est diffusé gratuitement devant public. Le Gros Show, c’est une parodie de la « radiopoubelle », aux Jean-François Fillion de ce monde, et on ne s’en cache pas.

Ann-Julie Nadeau

La première émission, le mois dernier, a d’ailleurs été écrite selon des propos véridiques de la part des animateurs les plus populaires du genre « radio à débats » de la capitale. Un long travail de recherche et d’écoute des propos les plus virulents sont à l’origine des textes de Lucien Ratio, également metteur en scène du spectacle. Pour ce deuxième épisode, le contenu est romancé, me dit Chloé Verrier du théâtre Périscope.

La disposition des lieux va droit au but. Un décor tout à fait à l’image d’un espace d’enregistrement d’une station de radio. L’accent est mis sur la radiodiffusion. Les spectateurs présents dans la salle n’y voient (au sens propre) donc pas de contenu exclusif puisque les comédiens ont les yeux rivés sur leur texte, et ce, tout le long de la diffusion. L’intérêt du public à se présenter physiquement au théâtre Périscope est discutable.

Le mot pastiche est faible pour décrire le contenu du Gros Show avec comme thème d’introduction une chanson de Metallica. Ça débute en force avec une intervention des plus sarcastiques du coordonnateur artistique du Périscope, Frédéric Dubois, qui y va d’un discours visant à « construire un pont entre deux solitudes ».

Puis, tour à tour, les coanimateurs abordent différents sujets d’une façon plus choquante et vulgaire les uns que les autres. Jeanne parle de sa participation au calendrier « Dream-team », tandis que Philou Durocher idolâtre la culture américaine avec un témoignage touchant sur Disneyland : « C’est Mickey qui m’a élevé ». Parce qu’au Gros Show, c’est unanime que la Floride, c’est le paradis.

On a chaud, on rit jaune. Le malaise s’empare de nous au moment où le « jingle » de l’émission annonce la nomination du Pédo du jour. Les animateurs tirent dans tous les sens, tout y passe: les itinérants, l’amphithéâtre, les carrés rouges, Xavier Dolan et même la carrière artistique de Jacques Villeneuve…

Je suis choquée, mes oreilles saignent. Il faut que je me répète plusieurs fois que c’est du théâtre parce que je supporte difficilement ce que j’entends. Le fameux questionnement sur la liberté d’expression est évident. Étonnamment, c’est justement parce que j’avais envie de partir en courant que, selon moi, le pari de Lucien Ratio est réussi. C’est la fiction qui dépasse la réalité.

En terminant sur les propos de Pat Sauce concernant le port de pantoufles à l’école : « C’est tellement criant d’actualité! »

Le prochain épisode sera diffusé le 25 novembre prochain sur les ondes de CKRL à 17 h 30 ou sur place, au Théâtre Périscope.

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