Critique littéraire : Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack

Références déjantées sur la littérature

Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack

Tom Gauld

Éditions Alto

Vous êtes tous jaloux de mon Jetpack est une bande-dessinée sous forme de strips, mélangeant à un rythme effréné des univers plus loufoques les uns que les autres avec un humour raffiné et une intelligence déconcertante. Parsemée de références littéraires et de réflexions déjantées, la plus récente BD de Tom Gauld est un ouvrage qu’on ne peut tout simplement pas déposer sans l’avoir dévoré en entier.

L’auteur nous transporte dans un monde à part où toute coexistence est possible : Dan Brown, Hitler, Frankenstein, Jane Austen… la liste est longue. Tom Gauld démolit toutes les frontières des littératures classique et contemporaine pour en faire un seul et immense terrain de jeux. On y rencontre une fée marraine féministe, une héroïne de contes pour enfants qui n’est pas orpheline et un Mao qui s’est fait supprimer ses gags par son éditeur dans le Petit livre rouge, pour ne nommer que ceux-ci.

Avec des réparties cinglantes de divers personnages loufoques, on y aborde de plein fouet la difficulté actuelle d’être un auteur de fiction et le snobisme généralisé envers ce milieu. Auteurs en devenir, vous adorerez l’autodérision du bédéiste.

La finition visuelle est tout simplement merveilleuse. L’utilisation de couleurs mornes, l’aspect simpliste des personnages et la présence d’hachures s’accordent très bien au style concis et satirique du texte. Ici, rien de tape-à-l’œil. On vous séduit par la finesse du propos et l’harmonie du visuel.

Tom Gauld remet à sa place les détracteurs de la bande dessinée en prouvant la place légitime de son art au sein de la grande famille littéraire. L’auteur écossais est un collaborateur pour certains journaux prestigieux comme The Guardian et The New York Times et pourtant, on est à des années lumières des Garfield de ce monde.

Le seul bémol : il s’agit d’une traduction de la version originale anglaise et certains gags n’y ont pas survécu.

4/5

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