Critique littéraire : Les Weird

Les Weird

Andrew Kaufman

Éditions Alto

« Bizarre, vous avez dit bizarre, mais comme c’est étrange »

Rien qu’au titre, on sait déjà qu’on se lance dans une aventure étrange. Et ce n’est pas rien de le dire. Au fil des 360 pages, on passe de l’envie d’engloutir les prochaines péripéties de la famille Weird à vouloir reposer le livre sur l’étagère « à lire quand je n’aurai plus rien d’autre à lire ». Malheureusement, c’est souvent la deuxième solution qui l’emporte.

Les Weird, c’est l’histoire plutôt banale d’une famille de cinq enfants qui fait face à la mort incompréhensible de leur père dans leur tendre jeunesse. Les années passent, les frères et sœurs ne se voient plus, chacun faisant son petit bonhomme de chemin. Le tout dure jusqu’au jour où la grand-mère veut revoir ses petits-enfants sur son lit de mort à une date et à une heure précises.

Le récit est construit de tout de ce qu’il y a de plus banal dans une fiction familiale. Lorsque des pouvoirs magiques se mêlent à cette fratrie explosive, le problème commence. Andrew Kaufman, l’auteur, ne joue pas assez sur les dons qu’ont hérité les enfants à leur naissance. C’est parfois au détour d’une page que l’on se prend en pleine face cette histoire de magie incongrue. Le décor de fiction est trop bien implanté par l’auteur pour sortir la carte des mystères une fois toutes les vingt pages.

Et pour se perdre, l’auteur nous perd. Les noms des personnages (Lucy, Abba, Angie, Kent et Richard) ont du mal à nous rester dans la mémoire, comme leurs dons (l’orientation, l’espoir, la bataille, le pardon et l’autoprotection). Il en est de même pour l’écriture. Parfois, il est difficile de savoir à qui s’adresse tel personnage, car les dialogues décousus nous mêlent l’esprit dans un décor pas très clair. Parfois, il est difficile de se situer géographiquement, car les détails des paysages et des lieux, de même que les noms de pays ou de villes ne sont pas toujours présents.

Une façon de se perdre encore plus au fil des pages, c’est l’emploi du retour en arrière. On passe du coq à l’âne en un temps record sans trop comprendre pourquoi on remonte le temps à ce moment précis. Le puzzle de l’histoire est complexe à faire et, une fois toutes les pièces en main, la chute du livre est grandement décevante.

Dans ce tableau noir, il y a tout de même quelques touches de gris. L’auteur réussit à nous faire rire par des situations incongrues et le personnage de la mère – peu présent – est émouvant.

Enfin, cela reste un livre pour faire des exercices de mémoire dans le bus le matin – prévoyez plusieurs marque-pages si vous êtes fainéant – ou tout bonnement pour faire beau dans la bibliothèque.

2/5

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