Critique musique : The Loodies

Avec leur deuxième opus, éponyme, le quintette montréalais The Loodies – « les gens » en russe – nous amène dans un univers orchestral feutré. Les enchaînements d’accords sont joués avec une sorte de nonchalance « romantico-futuriste » parfaite pour le poète torturé qui sommeille en nous. En d’autres mots, l’album sonne comme si on avait donné un synthétiseur des années 70 à un jeune Victor Hugo.

The Loodies est une deuxième offrande marquée par le savoir-faire musical du groupe qui se développe en neuf tableaux sonores abstraits et fluides, donnant cohésion à l’album. Chaque pièce semble répondre aux autres, tout en évitant la redondance. La voix haute perchée de Ludovic Alarie, qui rappelle celle du chanteur français — M —, nous entraîne sans difficulté vers des textes introspectifs. Un entre-deux entre le rock atmosphérique des brooklynois The Antlers et un folk qui plairait beaucoup à notre cher Patrick Watson.

Comme les artistes auxquels ils font penser, The Loodies donne beaucoup d’espace aux segments purement instrumentaux. Les progressions mélodiques sont subtiles et donnent l’impression d’arriver jusqu’à nos oreilles sans effort. Cela semble s’expliquer par l’énergie de jam qui motive tout l’album, ce qui donne à toutes les pièces une attitude franche et sans prétention. Aucune mélodie ne semble travaillée à outrance, ce qui donne une bonne dose de vitamine C à l’atmosphère résolument ténébreuse du microsillon.

Le bémol qui pourrait réduire l’engouement envers l’album en est peut-être l’aspect inachevé qui provient de l’aspect jam. Après 31 minutes, on se sent prêt à continuer pour une autre demi-heure d’écoute. The Loodies veut prendre son temps pour créer des environnements sonores riches : c’est donc dommage d’arrêter à ce qui semble être le mi-parcours d’un projet si prometteur. On recommence donc l’album pour tenter de satisfaire un besoin de conclusion, mais tout ce qu’on aura, pour le moment, c’est un fragment d’une épopée qui s’annonce très longue.

En somme, une musique introspective contemplative qui accompagnera les plus grands moments de nostalgie.

Les pièces à écouter absolument : Myodesopsia et Shift.

3,5/5

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