Critiques comparatives – Écume au Théâtre Périscope

Raphaël Létourneau

On était en droit de s’attendre à un spectacle d’envergure avec Écume, puisque cette pièce a remporté de nombreux prix. Quatre ans après sa parution initiale, Anne-Marie White offre une nouvelle mouture. L’ambition est grande, sa réalisation était-elle à la hauteur des attentes ?

Dès les premiers instants, c’est le jeu animé des comédiens qui enchante et permet au décor minimaliste de prendre vie. Inspirée de la danse et du langage des corps, la mise en scène fascine par sa sensualité et s’accorde efficacement à une trame sonore transcendante.

Inévitablement, la force d’Écume réside dans l’art de soulever le questionnement. Avec humour et drame, on traite de la mort, de spiritualité, de psychologie, d’amour et de rêve. Traitant de sujets au-delà de la science, cette pièce amène l’esprit rationnel à s’interroger.

L’aspect fantastique trop élaboré représente par contre une faiblesse : les ambitieuses métaphores et la thématique chargée provoquent de la confusion chez une certaine partie du public.

La pièce Écume manque de temps pour exposer son contenu lourd. Malgré tout, elle transporte le spectateur dans une introspection personnelle purement artistique.   

Ariane Tapp

Écume, écrite, mise en scène par Anne-Marie White et présentée au Théâtre Périscope, a tout pour plaire… sans y parvenir tout à fait.

L'histoire, qui mêle réalisme contemporain et conte fantastique, est bien mise en scène et animée par quatre acteurs talentueux. Les personnages sont sympathiques, en particulier celui d'Émile, biochimiste dont la rencontre avec une femme-poisson ébranle les convictions scientifiques. Les passages où il se confie à une « conseillère de vie », dans un mauvais anglais tout à fait charmant quoique un peu caricatural, sont les plus savoureux.

D'un autre côté, le personnage de Momo, le croque-mort, prend du temps à être installé, et on questionne sa pertinence pendant un bon tiers de la pièce. Lorsqu’il prend enfin sa place, l'interprétation juste de Marc-André Charette nous le rend très attachant. Malgré la beauté du texte, souvent poétique et à saveur existentialiste, des personnages et de la mise en scène, il manque une connexion, voire une communion, entre les acteurs et les spectateurs, ou même entre le texte et ces derniers, pour qu'on se sente interpelé. L'usage de la chorégraphie est intéressant, mais peu exploité. La pièce se termine et s’écoule un temps avant que le public ne réagisse, comme si on attendait encore ce petit quelque chose qui viendrait nous happer.

Crédit photo : Courtoisie Richard Tardif

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