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[Critiques musicales] Sur un air de déjà-vu

Les amatrices et amateurs de musique underground de la ville de Québec connaissaient The Seasons bien avant qu’Hubert Lenoir soit la saveur de l’été dernier, avaient vibré au son des guitares des Hunters bien avant de se déhancher sur le stoner-pop de Caravane. Nous voilà toutefois en 2018 avec deux propositions pour bouger toute la nuit et se coller en dessous des couvertes. Une chaleur bienvenue sous la neige de novembre.

CARAVANE – SUPERNOVA

Si on pouvait encore sentir quelques touches des Hunters sur les EP de Caravane et leur premier album Fuego, on peut dire que les musiciens de Québec ont véritablement abandonné leur coquille crasseuse pour s’ancrer dans une esthétique pop et lichée, tout en conservant un fort enracinement rock, dans la musique et les thématiques exploitées dans les paroles des chansons. La voix de Dominic Pelletier, en plein contrôle de ses moyens, est tout simplement sublime et parfaitement adaptée à l’environnement musical du groupe. Plusieurs de ses refrains risquent de vous trotter dans la tête un petit moment.

 Supernova comporte une sélection de pièces beaucoup plus rock telles que Ma blonde va changer le monde, de morceaux envoutants et dansants comme Pyramides et de ballades planantes, plutôt stoner, comme Hong Kong. Par moment, on voudrait peut-être même un peu plus de distorsion et de riff gras (blâmons un peu de nostalgie ici), pour venir casser la dynamique qui s’installe au cœur de l’album. Car c’est dans un jeu d’équilibriste entre un rock qui déchire, une pop qui fait bouger et une touche indie/stoner que Caravane tire le meilleur de ses chansons.

Vous passerez un bon moment à l’écoute de Supernova, réalisé en collaboration avec Jesse Mac Cormack et enregistré au Breakglass Studio à Montréal. La production de l’album est fort bien ficelée de la première note à la dernière, haute en textures et en couleurs, ce qui sert efficacement les pièces du groupe.

THE SEASONS – MIDNIGHT, LET’S GET A HOT-DOG

À l’écoute de Midnight, Let’s Get A Hot-Dog, il sera possible de constater un « avant » et un « après » Hubert Lenoir pour le groupe des frères Chiasson et leurs acolytes, The SeasonsD’abord, soulignons que la production de cette galette est irréprochable, le groupe s’étant entouré en studio en 2017 de Richard Swift (The Black Keys), décédé l’été dernier, avant d’attendre plusieurs mois avant de lancer ce second album. Les harmonies vocales sont toujours tout aussi réussies, en synergie avec le reste des musiciens.

L’esprit un peu bon-enfant et joueur qui caractérise autant le premier album Pulp de The Seasons que Darlène, d’Hubert Lenoir, nous parait toutefois beaucoup plus joué que ressenti sur cette parution, ce qui laisse un gout un peu plus fade en bouche. On croirait littéralement entendre des bandes de Freddie Mercury ou des Beatles par moment, signe que la maitrise d’un standard peut parfois vous conduire vers l’excès et vous complaire dans la reconduction des codes du genre. On en vient même à se demander si on en veut beaucoup plus ou beaucoup moins.

Midnight, Let’s Get A Hot-Dog demeure toutefois une album d’une grande qualité, autant dans la composition des chansons, la livraison par les musiciens que la production. On aurait pourtant aimé plus de complicité entre les membres et un certain standard d’originalité et d’authenticité, attentes auxquelles The Seasons et Lenoir avaient pris l’habitude de répondre plus efficacement.

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