Le Cyclotron : Un film aux nombreux défis

Les sciences et l’histoire sont à l’honneur dans le tout nouveau film du réalisateur Olivier Asselin, Le Cyclotron. Le film, à l’affiche le 10 février, prend place en Allemagne au cours des années 40, en plein cœur de la Seconde Guerre mondiale.  

Le Cyclotron raconte la quête d’une espionne alliée (Lucille Fluet) et d’un officier allemand (Paul Ahmarani) qui tentent de mettre la main sur un scientifique suisse (Mark-Antony Krupa) détenant le secret de fabrication de la bombe atomique. L’action principale se situe à bord d’un train où ils se trouvent tous trois. Celle-ci est entrecoupée de scènes du passé et du futur qui finissent par se rejoindre à la fin.

Alors que la trame narrative principale est en noir et blanc, passé et futur se distinguent par des images en couleur. Ce choix s’explique par le fait qu’Olivier Asselin souhaitait inverser les conventions cinématographiques habituelles de représentation du temps et « clarifier les temps tout en les brouillant ».

Le réalisateur désirait aussi faire le pari de représenter l’histoire telle que des Américains d’après-guerre l’auraient fait. « J’aime beaucoup le cinéma en noir et blanc et le cinéma des trente premières années du 20e siècle, assure-t-il. Il y a quelque chose qui m’interpelle là-dedans. C’est un cinéma qui n’est pas encore très conventionnel. On sent que tout est possible. »

La science à l’honneur

Le film tourne beaucoup autour du milieu scientifique des années 40. On y aborde entre autres la théorie de la relativité et de la physique quantique, deux sujets qui fascinent le réalisateur. « Je dois être un scientifique raté, s’exclame-t-il en riant. La science m’a toujours intéressé et, dans tous mes films, il y a une dimension scientifique. » De l’économie à la neurologie, en passant par la question de l’existence de l’âge et du spiritualisme, tout y passe en effet dans l’œuvre d’Olivier Asselin.

En faisant des recherches sur la mécanique quantique, les scénaristes ont constaté qu’au moment de l’arrivée d’Hitler au pouvoir, cette théorie a été bouleversée par le contact politique et celui-ci a divisé la communauté scientifique, qui a fini par se séparer. « C’est ça qui nous intéressait : il y a un petit moment de l’histoire où les intellectuels sont contraints de prendre position alors qu’ils n’avaient pas l’habitude de le faire. »

Le film cherche d’ailleurs à rester le plus près possible de l’Histoire. « Lucille et moi, on travaille toujours un peu comme des documentaristes. C’est très important pour nous d’asseoir nos fictions sur une recherche assez sérieuse qui nous permet de savoir quand on prend des libertés, lesquelles on prend, et de mesurer leur sens. Donc 90 % de ce qui est dans le film est vrai », assure le réalisateur. Les personnages sont d’ailleurs le résultat d’une condensation de personnes qui ont vraiment existé alors que la situation dramatique principale est inspirée d’une mission ayant réellement eu lieu en 1944.

Toutefois, cette histoire qui se déroule sur plusieurs années est condensée dans un film de 1 h 30, ce qui implique de nombreux défis, surtout avec le petit budget et les courts 20 jours de tournage à la disposition de l’équipe.

La question de l’Allemand

Autre défi : comme le film se déroule entièrement en Allemagne, la question de la langue était importante. Pour le réalisateur, il s’agissait d’un élément à ne pas négliger alors que l’ensemble de la distribution avait à parler cette langue qu’il souhaitait impeccable. Les interprètes des soldats allemands ainsi que Lucille Fouquet et Mark-Antony Krupa avaient tous de bonnes bases dans la langue au préalable, ce qui a donc facilité le travail.

Toutefois, Paul Ahmarani, qui incarne un Allemand d’origine, ne la parlait pas du tout. Il a ainsi dû apprendre ses 70 répliques en allemand phonétiquement et travailler l’accent afin de sonner le plus vrai possible, bien qu’il ait par la suite été doublé par un véritable Allemand. « Il a été super courageux, super travailleur, souligne M. Asselin. Son accent était vraiment très bien, c’est incroyable ce qu’il a pu faire comme travail, mais pas assez pour passer pour un Allemand. Donc on a recruté un acteur allemand qui a postsynchronisé Paul. »

L’avenir du cinéma

En plus de réaliser des films « à temps perdu », Olivier Asselin enseigne l’histoire de l’art et le cinéma à l’Université de Montréal. À ses étudiants, il cherche à faire comprendre que le cinéma, c’est bien plus que seulement les films à gros budget avec de grosses équipes, comme l’œuvre de Steven Spielberg. « Il y a de grands films dans tous les budgets, dans toutes les manières de faire, estime-t-il. C’est très important de se donner la possibilité d’essayer des choses, d’inventer d’autres manières de faire, d’utiliser d’autres technologies et de raconter d’autres histoires. »

Il souligne que le cinéma dispose d’une grande diversité de film qu’il faut maintenir en continuant d’expérimenter. « La seule manière de dire des choses, c’est de réinventer le cinéma. »  Pour le reste, il se dit « fondamentalement optimiste » quant à l’avenir de l’industrie. Il souligne qu’il se fait encore aujourd’hui bon nombre de propositions audacieuses et que le grand défi, c’est en fait de les faire circuler et les rendre visibles.

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