De la volupté au Cirque du Soleil

Présentée pour la toute première fois en 1999, entre La Nouba (1998) et Varekai (2002), l'œuvre Dralion a repris vie du 3 au 9 janvier au Colisée Pepsi. Toujours à mi-chemin entre l'art et la prouesse physique, ce spectacle est un véritable univers syncrétique : Chine, Inde, Afrique… Atlantide. Il faut admettre que la cohérence du mélange étonne. Un tout bien authentique et singulier émerge de la fusion des styles. Rien à voir avec d’autres saynètes plus récentes dont les charmes n’avaient pas cette richesse,  cette intensité et cette puissance. On sent les passions circassiennes s’éveiller dans la rencontre des différentes disciplines présentes; l’effervescence d’une troupe qui maîtrise chaque recoin de son monde.

Dralion nous sert des performances à la technique irréprochable, desquelles surgissent des images touchantes, des moments de belle poésie, un espace transportant. Au-delà de ses qualités plastiques, le Cirque du Soleil évoque des récits et appelle des souvenirs, ou du moins, fait naître des impressions et des ambiances. L’énergie qui se dégage de la scène se touche pratiquement. Les artistes de scène incarnent des émotions vibrantes et parviennent, à travers leurs rôles, à jouer réellement la joie de vivre. Quand les paillettes recouvrent l'extase et l'esprit, il est de bonne foi que de reconnaître la grande qualité de ce qui se déroule sous nos yeux.

Si l’on se sent parfois désabusé devant les clowneries à l’italienne et les mimiques triomphantes des acrobates, il faut garder en tête le caractère familial – et forain – de ce Cirque dont le défi d’autrefois était d’accrocher et retenir le regard des passants. À l’intérieur du chapiteau, aujourd’hui on préfère largement le numéro des lions réinventé et l’apparition toute en douceur d’une muse hindoue raffinée. Dans la catégorie des grands déploiements, c’est à voir pour comprendre jusqu’où le cirque contemporain peut aller.

 

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