Démarche créatrice et éditoriale de L’imparfaite amitié

Se démarquer en redéfinissant les codes éditoriaux et créer en faisant de l’écriture un acte d’amour, voilà ce que Mylène Bouchard, conférencière invitée par la revue de création en ligne Le Crachoir de Flaubert, a souhaité accomplir avec son nouveau roman L’imparfaite amitié. Rencontre inspirante avec une auteure et éditrice passionnée par les arts et la culture.

Feuilleter le roman L’imparfaite amitié paru mardi dernier confirme son style particulier. Pages blanches, tableaux typographiques, courts chapitres, lettres, conseils et plus encore témoignent de la forme hybride du troisième roman de l’auteure saguenéenne. Mylène Bouchard s’est entretenue avec une vingtaine de personnes au sujet de ses démarches créatrices et éditoriales originales le 26 janvier dernier au pavillon Louis-Jacques-Casault. Remaniant la forme plutôt figée du roman conventionnel, l’auteure tente de jouer avec les codes dans la création de ces « vrais humains de fiction ».

Laissant la protagoniste Amanda défiler de l’Isle-Aux-Coudres en passant par Prague, pour ensuite flâner du Nouveau vers le Vieux continent, sa fille Sabina navigue à bord des souvenirs de sa mère (des lettres, des carnets, des sacs de citations, un film), précieusement mis en boîte pour elle.

La boîte créatrice

Cette boîte, affirme l’auteure lors de la conférence, c’est la petite caisse à trous dessinée en guise de mouton par le narrateur du Petit Prince, c’est cette petite caisse qui élargit les limites de l’imagination. Pour Mylène Bouchard, créer, c’est dessiner sa propre boîte à trous et s’engager dans toutes les libertés qu’elle offre. S’échelonnant sur plus de cinq ans, la démarche d’écriture de L’imparfaite amitié se perçoit par l’auteure comme une descente au fond d’elle-même, comme le prolongement de ses réflexions sur la liberté et sur la recherche de la vie bonne.

La notion de liberté a d’ailleurs été maintes fois abordée par l’auteure dans la description de sa démarche artistique. Selon elle, il ne s’agit pas d’une absence de limite, les repères sont nécessaires pour pouvoir en jouir. La liberté s’offre ainsi à l’auteure par cette caisse à trous qu’elle peut crayonner à sa guise, mais qui reste encadrée par ses cloisons. En défiant les codes du roman, en autorisant les pages blanches et les égarements, Mylène Bouchard s’engage dans un plaidoyer pour l’équilibre, permettant aux contraintes et à la liberté de s’unir l’instant d’un roman.

Dans sa démarche créatrice, l’auteure se voit inspirée de toute part, ce qui justifie l’intertextualité omniprésente. Elle se réfère notamment aux essais d’Yvon Rivard, aux œuvres de Milan Kundera, à la philosophie appliquée sur le questionnement de Michel Meyer et au documentaire Les voitures d’eau de Pierre Perreault. Aussi, Mylène Bouchard considère son implication en littérature comme une mission d’éducation, qui incite le lecteur à lire et visionner les inspirations de son auteure. Elle considère les citations comme étant les fondements théoriques de ses romans. Elle affirme d’ailleurs avoir écrit ce roman de 400 pages grâce à une seule citation d’Yvon Rivard.

Le métier de l’édition

Établie à Saguenay, la maison d’édition La Peuplade compte une quarantaine d’auteurs et plus de 70 ouvrages parus depuis 2006. C’est l’amour pour « l’objet livre » qui gouverne la maison d’édition. En effet, Mylène Bouchard parle du livre « comme d’un objet parfait, comme la roue ou le bouton à quatre trous ». Les arts visuels font également part intégrante du produit fini : les magnifiques couvertures et les mises en pages originales contribuent notamment à passionner l’invitée pour le métier de l’édition.

Les magnifiques couvertures des œuvres de la rentrée littéraire de l’hiver 2017 peuvent être admirées sur la page Facebook de La Peuplade. L’imparfaite amitié de Mylène Bouchard est en librairie depuis le 24 janvier.

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