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Dix lectures facultatives (qui ne seront pas à l’examen final)

Synonyme d’une abondance à en donner des vertiges à tout bon libraire et autres lecteurs(trices) boulimiques, la rentrée littéraire d’automne offre une des rares occasions de couverture médiatique digne de ce nom aux plumes d’ici. Ainsi, c’est toujours avec un petit pincement que l’on parcourt les catalogues des éditeurs québécois pour en ressortir avec une sélection de titres trop courte, à l’ambition inversement proportionnelle à la qualité des œuvres placées sur la ligne de départ.  

Les pages d’Impact Campus feront la part belle aux romans, essais, recueils de nouvelles et de poésie de la cuvée 2018 au cours de la prochaine session, c’est pourquoi son équipe se prête pour l’instant à un inévitable exercice de déception : dix – pas onze – romans à découvrir entre deux cours cet automne.  

Mère d’invention (Clara Dupuis-Morency) Tryptique, en librairie 

La parution du premier roman de Dupuis-Morency, chargée de cours à l’UQAM et à l’Université de Montréal spécialisée dans l’oeuvre de Proust, au début du mois d’août nous laisse profiter de son accueil critique plus que favorable. Présenté sous la forme d’une lettre de la narratrice à l’enfant qu’elle n’a pas eu, la richesse de style et les idées confrontées par l’auteure font d’ores et déjà de Mère d’invention un incontournable de la rentrée 2018.  

Les Bleed (Dimitri Nasrallah, trad. Daniel Grenier) La Peuplade, en librairie 

Dimitri Nasrallah, que le public francophone a connu en 2016 grâce à la traduction de Daniel Grenier de son excellent Niko, revient avec un thriller politique suivant la chute de la famille Bleed, au pouvoir depuis trois générations. Élections truquées, contestation et révolte sont au rendez-vous.  

Thelma, Louise & moi (Martine Delvaux) Héliotrope, en librairie 

Figure féministe incontournable de la littérature québécoise des dernières années, la romancière, essayiste et professeure Martine Delvaux revisite le classique du cinéma américain sorti en 1991 dans une réflexion sur la violence faite aux femmes, les figures d’affranchissement et de courage que sont les deux personnages-titre, le contexte culturel et social qui a vu l’arrivée en salle du film de Ridley Scott. 

Les bains électriques (Jean-Michel Fortier) La Mèche, 11 septembre 

La plume absurde de Fortier était du plus bel effet dans son premier roman, Le chasseur inconnu, récit décalé opposant les habitants d’un petit village à un mystérieux Professeur, prétexte à une déconstruction des procédés narratifs habituels – une écriture au « nous ». Se servant à nouveau d’un petit village inconnu comme théâtre, l’auteur nous présente dans Les bains électriques ses habitants littéralement magnétisés par le retour d’Europe de la comédienne Louisa Louis. 

Feue (Ariane Lessard) La Mèche, 11 septembre 

Premier roman d’une auteure à surveiller, Feue est, selon son éditeur, « une spirale étourdissante, qui se déploie autour d’une famille brisée ». S’appuyant sur une narration multiple, son récit nous fait découvrir Virginia, sa sœur Laura, leur mère « possiblement » disparue, un père dipsomane, dans une exploration des démons de chacun du fond d’un lointain village. 

Quelqu’un (Nicholas Giguère) Hamac, 11 septembre 

Queues, paru en 2017, avait ébranlé bien des stéréotypes associés à l’homosexualité, tout en ne négligeant pas de son langage cru et direct les travers de la communauté gaie. Le portrait d’une sexualité vraie, sans faux fuyants, un défi aux regards obliques. Quelqu’un, dont l’action se situe en Beauce, poursuit ce travail de questionnement et d’affirmation. 

Les écrivements (Matthieu Simard) Alto, 25 septembre 

Rangeant son humour caractéristique pour poser un regard tendre sur la vie d’un couple endeuillé, Matthieu Simard avait étonné l’an dernier avec Ici, ailleurs. Il nous propose cette année un roman sur la mémoire, dans lequel Jeanne et Suzor remonteront le fil de leurs souvenirs avant qu’ils ne s’effacent. 

Manuel de la vie sauvage (Jean-Philippe Baril Guérard) De Ta Mère, 9 octobre 

Alors que son précédent roman, Royal, fable au vitriol sur l’esprit de compétition régnant au sein d’une faculté de droit, sera prochainement porté à l’écran par Francis Leclerc, Jean-Philippe Baril Guérard nous revient avec un portrait du monde des start-up que l’on souhaite tout aussi massacrant. Les jeunes entrepreneurs – les « anti-lapins » de M. Martineau Richard – n’ont qu’à bien se tenir. 

La route du lilas (Éric Dupont) Marchand de feuilles, 19 octobre 

La fiancée américaine, paru en 2012 et récipiendaire du Prix des libraires, avait provoqué une enthousiaste unanimité quant au grand talent de conteur d’Éric Dupont. Le chroniqueur à la retraite Pierre Foglia en avait à l’époque vanté toutes les qualités, ses louanges se retrouvant – horreur! –  sur la couverture de la réimpression. La nouvelle œuvre de Dupont, plus que généreuse (592 pages), suit trois femmes dans leur virée américaine, menées par une passion du lilas. 

Françoise en dernier (Daniel Grenier) Le Quartanier, 22 octobre 

Peu de détails ont filtré jusqu’à maintenant sur le second roman très attendu de l’auteur de L’année la plus longue, lauréat du Prix littéraire des collégiens en 2015. Afin d’exercer notre patience, résumons ce que nous savons déjà de l’oeuvre à paraître : le personnage principal, Françoise, féministe et en fugue, s’inspire de la survivante Helen Klaben, qui a défié les éléments pendant 49 jours au Yukon en 1963 suite à un écrasement d’avion, pour définir sa propre vie.

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