Le “don’t give a shit attitude” de Chocolat

À travers un épais nuage de boucane artificielle, l’ombre de Jimmy Hunt résume d’un seul cri – après un sacre bien senti – la fougue de son groupe Chocolat, en spectacle jeudi le 30 octobre sur la scène du Cercle : « ROCK ‘N’ ROLL! »

Ce qui ressort d’une entrevue avec le leader de Chocolat, c’est une passion certaine pour la musique jouée live. Rencontré quelques heures avant son spectacle dans la capitale, Jimmy Hunt nous a parlé du nouvel album de Chocolat, Tss Tss, dont tous les aspects de la création semblent un parfait prétexte pour jammer entre musiciens.

Jam et Chocolat

C’est après une pause de plusieurs années, pendant laquelle s’est développée sa carrière solo très remarquée, que Jimmy Hunt remet Chocolat sur les rails. Son intention de ressusciter le groupe était préméditée. C’est pour cette raison qu’il s’est mis, il y a quelques mois, à enregistrer des démos sur son Ipad. Les membres à l’origine de Chocolat (Martin Chouinard, Brian Hildebrand et Ysaël Pépin – à l’exception de Dale McDonald, remplacé à la guitare par Emmanuel Éthier), se sont donc rencontrés en studio avec ce point de départ. Ils ont ensuite enregistré leur matériel d’une manière particulière, « plus spontanée, plus désorganisée », et ce, afin de créer un album « plus raw, au son plus écorché », qui se démarque nettement de leurs anciens albums, selon le chanteur.

Les micros au centre du studio, le groupe jouait en même temps, sans que les instruments soient enregistrés séparément. C’était, selon Hunt, « la façon idéale de capter l’énergie de ce band-là », qui aime particulièrement jouer live. Les effets du Ipad sur lequel Hunt avait enregistré ses démos ont même été gardés et sont passés, avec les instruments, sur les vieilles bobines de tape du système à rubans utilisé. Ce qui en résulte est « un pain de bruits intraitables » qui « sonne naturellement crotté ».

Renouer avec Chocolat était pour Hunt une belle occasion de faire de la musique dans un contexte plus rock que lorsqu’il joue ses chansons à textes. En effet, à cause des paroles qu’il doit respecter et qui le confinent à rester dans une structure, il ne ressent pas la même « don’t give a shit attitude » qu’avec son groupe. C’est aussi pour cette raison que Tss Tss ne contient que très peu de paroles et que l’instrumental est mis de l’avant.

Une prestation rock au Cercle

Sur scène, Chocolat propose donc un gros jam de morceaux de rock garage ou progressif. Certaines de leurs nouvelles chansons, construites avec des structures simples et répétitives, sont aussi fortement influencées par le krautrock, dont « la dynamique est plus dans la longueur que dans la structure super complexe », de l’avis de Hunt.

De longs morceaux instrumentaux parfois ponctués de paroles : c’est surtout ce à quoi a eu droit la modeste foule présente au Cercle jeudi soir dernier, foule qui, dès les premiers morceaux, a été enivrée par l’énergie déjantée du groupe.

Jouant plutôt les titres de leur tout récent album, Chocolat s’est toutefois permis de revisiter plusieurs chansons de leur EP de 2007, album dans la même lignée de rock garage que Tss Tss. Leur album Piano élégant, acclamé par la critique en 2008, a quant à lui été quelque peu délaissé, probablement puisque son style influencé par la chanson des années 60 se marie mal avec les jams improvisés que Chocolat semble apprécier par dessus tout.

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