Don’t Worry Darling : le patchwork ne fait à personne

Quelque part dans les années 50, Alice (Florence Pugh) et Jack (Harry Styles) vivent heureux.se.s dans une communauté utopique et expérimentale : Victory. Jack part tous les matins travailler pendant qu’Alice entretient le foyer. Puis, deux événements réduits au silence (un accident d’avion et le suicide d’une amie) viennent inquiéter Alice qui commence à douter des intentions de Frank (Chris Pine), l’instigateur du projet.

Par Emmy Lapointe, rédactrice en chef

Réalisation : Olivia Wilde | Scénario : Katie Silberman, Carey Van Dyke, Shane Van Dyke | Distribution : Florence Pugh, Harry Styles, Chris Pine, Olivia Wilde, Gemma Chan

Deux poids, deux salaires
Le dernier film d’Olivia Wilde, Don’t Worry Darling, a certainement fait couler plus d’encre à propos de l’envers du décor que du thriller à proprement dit. Je ne m’étendrai pas outre mesure sur le sujet, mais je dois dire que même si j’admirais le travail d’Olivia Wilde – Booksmart est à mon avis un teen movie extraordinaire –, j’ai été extrêmement déçue de savoir qu’une réalisatrice aux discours féministes puisse envisager de payer plus son acteur que son actrice.

Rappelons aussi que la dernière et seule présence au grand écran d’Harry Styles, c’était il y a quatre ans, et il prononçait 34 mots dans un film de Nolan. Je n’ai rien contre Harry Styles, moi aussi j’ai de ses chansons dans mes playlists tristes, mais j’ai quelque chose contre le fait qu’une actrice plus expérimentée et avec un plus gros rôle se voit offrir un cachet plus bas que l’ancien lead singer d’un boy’s band qui n’aurait même pas assez de crédits pour être membre de l’UDA. Après ça, qu’Olivia et Harry couchent ensemble, qu’iels se crachent dessus, que Shia Leboeuf ait été à un moment ou à un autre impliqué dans le film, j’en ai peu de choses à faire.

Que reste-t-il après le drame ?
L’affaire, c’est que j’ai dit que je ne m’étendrais pas outre mesure sur les histoires entourant Don’t Worry Darling, mais la vérité, c’est que j’en aurais plus long à dire sur ça que sur le film, parce que turns out que le film est dangereusement ordinaire. Le scénario manque grandement de finesse; difficile en effet de ne pas y voir une inspiration trop marquée du Truman Show, de pleasantville, de Shutter Island, de la Matrix à l’exception que cette fois, le dénouement avait tout d’un ex machina grossier.

Si la critique de l’oppression de la femme dans la sphère privée est bien modernisée, il m’a tout de même semblé que la corde de la solidarité féminine arrivait trop peu trop tard. Je lève tout de même ma casquette de Chyz pour la photographie : la lumière et le mobilier midcentury faisaient envie et contrastaient avec la violence indicible de Victory. Et si Wilde a su capturer quelques plans inventifs, le motif de l’œil a été exploité, surexploité; je comprends la filiation qu’on peut y voir avec d’autres oeuvres, mais je pense qu’en général, le film donne l’impression d’un patchwork plutôt que d’un redéploiement des idées originales.

Ps :  À celleux qui iront le voir, portez attention aux agents vêtus de rouge, on dirait des Oompa Lumpas.

 

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