Courtoisie : Isabel RancierCourtoisie : Isabel Rancier
Courtoisie : Isabel Rancier

Duo de primeurs

Dans le cadre du mois Multi, l’Orchestre symphonique de Québec a offert un programme double de créations présentées pour la première fois: The absence of Shelling is Almost Like Music, une pièce pour violoncelle solo et orchestre composée par Tim Brady, et pho :ton, une performance son et lumière du duo de compositeurs Cod. Act.

Justine Pomerleau Turcotte

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Courtoisie : Isabel Rancier

L’œuvre de Brady, qui bénéficiait du jeu vivant et expressif du violoncelliste Yegor Dyachkov, était doublée d’une projection vidéo utilisant des images d’une balle de fusil traversant une plaque de métal, en gros plan et au ralenti. Plus qu’un simple ajout esthétique ou uniquement expérimental, ces images formaient avec la musique une symbiose véritable, avec abondance de crescendopréexplosifs. Vers la fin de l’œuvre, des valeurs rythmiques courtes accompagnaient les miniatures des images balistiques, pour s’étirer au fur et à mesure que ces dernières s’amplifiaient. Également, deux trompettistes juchés aux corbeilles de part et d’autre de la salle donnaient à l’auditeur l’impression d’un bain de son. Créative et originale sans être aride, cette pièce est sans doute en mesure de réconcilier les réfractaires à la musique contemporaine avec les œuvres de leur temps.

En seconde partie, l’œuvre d’André et Michel Décosterd, pho :ton, nécessitait un attirail inusité; le piano, face à l’orchestre, était relié aux projecteurs surplombant la scène, chaque note illuminant un musicien différent. La « pianiste-opératrice », Nathalie Tremblay, était également en mesure d’indiquer l’intensité sonore recherchée pour chacune de ses interventions.

L’exercice n’est pas dénué d’intérêt; par le jeu perpétuel des percussions et les onomatopées émises par les artistes (tch, tch…), on se sent face à une machine complexe dans laquelle les musiciens ne sont que des composantes d’un engrenage. Par contre, le dispositif souffre de quelques limites. Tout d’abord, il semblait difficile pour la percussionniste, chargée du bruit de roulement de la machine, d’intervenir au bon moment, le gong étant éclairé derrière elle. L’interprétation de l’intensité lumineuse semblait également ambiguë : les projecteurs s’allumant de façon progressive, dur de prendre une décision au moment d’émettre le son… L’effet était mieux réussi lorsque plusieurs musiciens avaient à jouer simultanément, les problèmes de synchronisation étant alors camouflés. Bref, un concept à réexploiter, mais qui bénéficierait de quelques améliorations.

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