Entrevue avec Xavier Dolan : Des tranches de vie et d’ananas

C’est dans une suite du Hilton que les journalistes ont rendez-vous avec l’étoile montante du cinéma québécois Xavier Dolan. Impact Campus a pu s’asseoir quelques minutes avec le jeune cinéaste et son équipe, de passage à Québec pour présenter leur petit dernier, Mommy.

Une jeunesse manquée

Xavier Dolan n’a pas eu une jeunesse très ordinaire. Acteur dès sa tendre enfance, il confit avoir « loupé des choses » de son âge. Il reste pourtant très heureux et « reconnaissant » de ce qui lui arrive, mais parle d’un « regret d’acteur ». Comme s’il était passé à côté de quelque chose de banal, mais d’essentiel : les conneries de jeunesse. En grappillant de l’ananas, il confie son envie « d’aller faire une initiation déguisée en dinde, d’aller à une beuverie jusqu’à 4h, 5h, 7h du matin et d’aller directement en classe ». Une vie d’étudiant finalement. Il évoque son envie de retrouver les bancs d’école, chose impossible pour le moment : « J’aurais pu reprendre cet automne, mais il faut que je fasse la promotion de Mommy, que je me promène pour parler du film ».

Tour de globe express

Surtout que le film sélectionné récemment par le Canada pour la cérémonie des Oscars n’a pas fini de faire parler de lui. La course à la promotion poursuivra son chemin en Europe : « Après ça, je m’envole pour Paris, l’Allemagne, la France, la Suède, l’Allemagne, l’Angleterre », puis les États-Unis et le Mexique. Si Mommy est nominé dans la catégorie du meilleur film en langue étrangère aux Oscars, le réalisateur en a «  jusqu’en mars ».

Toutefois, ce tour du globe express ne semble pas l’enchanter. La promotion, «  ce n’est pas ce que je préfère ». Ce qu’il aime, «  c’est faire des films. Ne pas en parler. Ne pas parler de moi. Ce n’est pas mon métier ». Pourtant, Dolan connaît les règles et le passage obligatoire pour promouvoir un film : « Il faut se commettre à cet exercice-là », avoue-t-il.

Une atmosphère bon-enfant

Si Xavier Dolan est perçu comme arrogant par les journalistes, c’est en réalité une fausse image. C’est un jeune homme d’une grande simplicité qui prend part à des conversations plutôt qu’à des entrevues. Le rire s’installe rapidement dans les divers échanges sur sa vie et sa carrière. Il en est de même pour ses trois acteurs : Anne Dorval, Antoine Olivier Pilon et Suzanne Clément.

La complicité entre les quatre ne relève pas d’une volonté de promouvoir une équipe soudée pour un film : elle est naturelle. Dolan évoque l’ambiance du plateau où l’« on déconne, tout le temps, tout le temps  », un peu comme l’atmosphère qui règne dans cette suite au 20e étage du Hilton. Les rires fusent entre eux et avec les journalistes.

Également de la partie, Anne Dorval parle de son personnage de Diane : « C’est quelqu’un de digne, c’est quelqu’un qui, malgré son peu de culture, son peu d’instruction, est une intelligence vive… » Xavier Dolan, proche de nous, se retourne et glisse : « Je pensais que tu parlais de moi » avec le sourire d’un grand enfant.

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