Festival de film étudiant de Québec : Cinéma hors-champ

Une salle de cinéma plongée dans l’obscurité, un peu de patience et la magie s’opère. Fidèle à sa mission, le Festival de film étudiant de Québec (FFEQ) fera la part belle aux efforts de la relève cinématographique du 20 au 22 mars prochain au Cinéma Cartier.

Pour sa 13e édition, le FFEQ flirte avec l’anormalité et fait fi des conventions. Les courtes créations diffèrent en genres – animation, fiction, expérimental, documentaire et vidéoclip – mais se raccrochent toutes au même thème : « Hors Normes ».

Sortir du cadre

« On cherchait un thème qui allait faire sortir les films du carcan des blockbusters, se souvient Amanda Bertrand, coordonnatrice adjointe de l’évènement. On voulait montrer que les jeunes osent, qu’ils réalisent des projets créatifs et qu’ils sont capables de sortir du cadre établi. »

Cette originalité, elle parsème allègrement la cinquantaine de films retenus. Au final, la sélection qui sera offerte au public à compter du 20 mars aborde des thèmes en phase avec les préoccupations de la génération Y. « Beaucoup sont en lien avec l’homosexualité, l’amitié, l’amour, le suicide. La sélection de films qu’on a eue, c’est un reflet de notre génération actuelle, ce sont des sujets plus personnels, des autofictions », relate Amanda Bertrand.

Le choix de Maxime Giroux comme président d’honneur ne pourrait être plus cohérent, ajoute Amanda. Le réalisateur montréalais s’est joué de bien des frontières dans son dernier métrage, Félix et Meira. « Son film sort du cadre des sujets habituels, ajoute l’étudiante en communication publique. C’est pour cette raison qu’on l’a choisi comme invité d’honneur. »

D’Europe et de régions

Comme l’an dernier, plus d’une centaine de films ont été soumis par des cinéastes des niveaux collégial et universitaire. Québéco-centré, le festival s’ouvre graduellement aux cinéastes d’Europe, processus entamé l’an dernier avec la création d’un volet international. Cette année encore, la catégorie « internationale » est bien représentée, avec ses six courts-métrages.

Toutefois, ce qui retient le plus l’attention dans la programmation du FFEQ, c’est la place grandissante que prennent les cinéastes des régions. En créant notamment le prix Kinomada, qui les vise spécifiquement, le comité organisateur tente d’attirer les talents québécois d’en dehors des grands centres, explique Josiane Ouellet, membre du comité de communication du FFEQ. Mission réussie, car près de 20 % des films soumis proviennent des régions, nous révèle la coordonnatrice adjointe.

Vue sur les cinéastes

Aussi court soit-il, un métrage requiert une somme colossale de travail avant de pouvoir flirter avec l’écran blanc, comme en témoigne Christopher Noël, l’un des réalisateurs derrière Tension sur le fil. « 30 secondes d’animation, ça peut sembler très court pour certains, mais pour nous, c’est très long, parce qu’il faut considérer une foule d’éléments. On ne voit pas 30 secondes, mais bien 30 fois 24 images par seconde, ce qui fait des milliers d’images. »

Tension sur le fil est l’un des 8 courts-métrages d’animation faisant partie de la sélection officielle. Comme c’est le cas de plusieurs de ses compétiteurs, le short est le fruit d’un travail scolaire effectué au baccalauréat en art et science de l’animation (BASA). « C’est un exercice qu’on avait à réaliser en 3e session où on devait créer un film sans utiliser de mots, mais plutôt des blagues physiques ou des expressions des personnages », poursuit celui dont le court-métrage a été présenté dans le volet hors-concours des récents Sommets du cinéma d’animation.

D’autres cinéastes sont plutôt là en tant qu’autodidactes, comme Youssef Berrouard. Le diplômé en design web défendra non pas un, mais bien trois vidéos au Cinéma Cartier : un vidéoclip et deux films expérimentaux. Si le vidéaste avoue n’« avoir jamais vraiment de sujet ou de thème précis » en tête et préférer agir « sur le coup de l’émotion », on constate l’influence de la nature dans chacune de ses œuvres. De l’histoire d’amour de deux Amérindiens dans Love in Nature aux vues oniriques du film Le Rêve en passant par le clip Spaced Out de Goux, toutes sont marquées par les grands espaces.

La soirée d’ouverture du 13e FFEQ aura lieu vendredi le 20 mars à l’atrium du pavillon De Koninck à compter de 19h. C’est à ce moment que les prix seront remis aux films s’étant distingués. Les deux jours suivants seront rythmés par des blocs de projection et des conférences au Cinéma Cartier.

 


 

Le FFEQ en chiffres

3 jours

103 films soumis

53 films retenus dans la sélection officielle

6 séances de projection, dont une séance hors-concours

6 catégories (animation, fiction, documentaire, international, vidéoclip, expérimental)

13 prix décernés, dont 3 prix coups de cœur

Consulter le magazine