Festival du Nouveau Cinéma 2021 : Revue éclectique no. 1 | Courts métrages canadiens

Le Festival du Nouveau Cinéma de Montréal célèbre cette année sa 50e édition et pour l’occasion, les organisateurs nous offrent une programmation des plus diversifiées. Pour cette première revue, je vous propose de parcourir quelques courts métrages canadiens.

Il n’est pas trop tard pour vous procurer des billets. Sachez d’ailleurs que le festival se décline en deux instances : en salle (du 6 au 17 octobre) et en ligne (du 6 au 31 octobre).

Pour obtenir des billets, c’est par ici.

Par William Pépin, chef de pupitre aux arts

 

 

50 temps — Luc Bourdon

Court métrage — Film d’ouverture — Canada

Réalisation : Luc Bourdon

Synopsis : Pour célébrer en grand son 50e, le Festival du Nouveau Cinéma a donné carte blanche au cinéaste Luc Bourdon. 50 temps, son court métrage réalisé à partir des archives du FNC, ouvre une lucarne poétique vers le passé tout en nous tournant résolument vers l’avenir.

« L’incroyable, c’est ce qu’on ne voit pas ; et le cinéma, c’est montrer l’incroyable. »

50 temps montre non seulement l’incroyable, mais montre surtout l’incroyable derrière l’incroyable : Luc Bourdon réussit à mettre en relief toute la richesse du festival, qui fête cette année sa 50édition. Le réalisateur ouvre également une fenêtre sur l’histoire du cinéma des cinquante dernières années. Film d’ouverture du festival, 50 temps marque le ton : le septième art va de l’avant et ce n’est certainement pas la pandémie qui va l’abattre.

 

Cercueil, tabarnak ! — Loïc Darses

Court métrage — Fiction — Canada

Réalisation et scénario : Loïc Darses | Distribution : Emmanuel Bilodeau, Lilou Roy-Lanouette, Marcel Sabourin

Synopsis : 20 mai 1980. Après la mort de son père, un enquêteur fiscal soupçonne l’entrepreneur de pompes funèbres de pratiques frauduleuses. Accompagné de sa fille, il enquête dans son Saguenay natal sur fond de référendum pour la souveraineté du Québec.

Avec Cercueil, tabarnak, Loïc Darses prouve qu’il maîtrise à la fois l’art de l’image et la technique de l’écriture : avec l’aide de son directeur de la photographie Olivier Gossot, Darses nous immerge dans le Saguenay des années 80 à l’aide d’un rendu visuel d’une qualité rare pour une petite production de ce genre. Le scénario, concis, efficace et bien ficelé, me permet de considérer le court métrage comme une réussite totale : il n’a rien à envier aux productions hollywoodiennes, autant sur la forme que sur le fond. Mention spéciale à Emmanuel Bilodeau et Lilou Roy-Lanouette qui forment un tandem d’enquêteurs père-fille des plus sympathiques qu’il ne serait pas désagréable de retrouver prochainement dans une série télé, par exemple.

 

Abuela — Rebeca Ortiz

Court métrage — Fiction — Canada

Réalisation et scénario : Rebeca Ortiz | Distribution : Eleana Ignazzitto, Liliana Suarez

Synopsis : Kathy, 8 ans, passe la journée chez sa grand-mère. Elles ne parlent pas la même langue, ce qui complique les choses. Malgré ces problèmes de communication, Abuela et Kathy connectent en silence alors qu’elles font des empanadas.

La force d’Abuela est d’illustrer l’idée que la communication se passe des mots : Rebeca Ortiz synthétise en moins d’une dizaine de minutes les liens qui se tissent entre une grand-mère et sa petite fille, toutes deux ne parlant pas la même langue. Malgré cet obstacle d’envergure, elles finiront par se rapprocher, non sans la persévérance d’Abuela et son amour inconditionnel pour Kathy : quand on aime, on espère et quand on espère, on s’ouvre à l’autre. Ici, c’est le langage de l’âme qui compte.

 

Asmodeus — Eric Falardeau

Court métrage — Expérimental — Canada

Réalisation et scénario : Eric Falardeau | Distribution : Stéphanie Cadieux, Annaëlle Winand, Juliette Pottier Plaziat

Synopsis : Un homme se plie à un rituel de luxure au cours duquel il est possédé par trois femmes, telles les Parques, à la fois sensuelles et sorcières.

Sur la forme, je vois Asmodeus comme le cousin spirituel de The Alphabet de David Lynch : l’univers d’Eric Falardeau est tout aussi dérangeant, même s’il n’aborde pas les mêmes thèmes. Personnellement, j’adore ce genre de proposition où tout peut arriver, où tout peut nous sauter à la gueule sans crier gare. En ce sens, Asmodeus est une expérience exceptionnelle, comme il s’en fait peu. Ici, les frissons d’épouvante se conjuguent aux frissons de dégoût : Falardeau maîtrise avec justesse l’art de la provocation sensorielle par de la poésie-fantôme.

Au risque d’enfoncer une porte ouverte, je me permets toutefois de vous partager un petit conseil : ce n’est pas le genre de film à visionner en compagnie de grand-maman.

 

All I am is Now – Patrick Custo-Blanch

Court métrage — Animation — Canada

Réalisation et scénario : Patrick Custo-Blanch | Distribution: Patrick Custo-Blanch, Melanie Custo-Blanch

Synopsis: Interprétation des diverses phases récurrentes du trouble bipolaire à travers une création animée audacieuse.

Entre le cinéma d’animation et le cinéma expérimental, entre le documentaire interactif et le surréalisme immersif, All I am is Now n’apprend rien à personne sur la bipolarité : il tente plutôt de nous faire vivre la bipolarité. L’expérience immersive que propose Patrick Custo-Blanch est certes courte, mais percutante.

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