Les films de l’année 2016

            Il y a eu le naufrage Tarzan et le flop Independance Day : Resurgence. La domination outrageuse et souvent imméritée des héros des écuries Marvel et DC Comics. La surprise Deepwater Horizon. Les copies qui tardent à rejoindre la capitale ou n’y arrivent jamais. Impact Campus vous propose une revue cinématographique de l’année écoulée en trois films marquants, qui sont autant d’idées de cadeaux.      

  1. The Vessel, de Julio Quintana

Étrange objet cinématographique que celui-ci. Dans un village côtier d’Amérique du Sud, toutes les femmes portent le noir et refusent de porter de nouveaux enfants depuis qu’un tsunami a frappé l’école du village, dix ans auparavant. Un jour, toutefois, l’un des rares survivants de la catastrophe tombe à la mer et se noie. Pendant trois heures, il est mort. Puis, il reprend vie. Et entreprend de construire une arche.

Le village devient fou et plonge dans un profond mysticisme. L’espoir et le désespoir se heurtent et s’entrechoquent, les émotions de tous sont exacerbées. Ce film au rythme lent et hypnotique, d’un lyrisme puissant, frôlant parfois l’ésotérisme, touche viscéralement celui qui le regarde, malgré une approche qui peut sembler froide. Julio Quintana livre une œuvre forte, interprétée avec retenue et subtilité par Lucas Quintana et Martin Sheen, formidable en prêtre prêt à tout pour redonner à ses ouailles le goût de vivre.

  1. The Lobster, de Yorgos Lanthimos

            Yorgos Lanthimos nous dépeint, dans un futur proche, une société où seuls les couples ont droit de cité. Les célibataires sont envoyés à l’Hôtel, où ils disposent de 45 jours pour trouver l’âme sœur et se remarier, sous peine d’être transformés en bêtes. Mais tous n’acceptent pas cette règle : dans les bois, des résistants tentent tant bien que mal de survivre, impitoyablement traqués par les clients forcés de l’Hôtel, en quête d’une journée de sursis.

Cette dystopie glaçante, profondément originale, génialement perverse, est portée par une réalisation souvent poétique, jamais vaine. Le scénario, d’une rare intelligence, brille à la fois par sa cruauté et son humour noir, féroce. Dans le rôle principal, Colin Farrell livre une partition toute en nuances, à mille lieues de son image de bellâtre. Rachel Weisz, en résistante au cœur tendre, lui offre la réplique de magnifique façon.

  1. Youth, de Paolo Sorrentino

On triche un peu, ici : le splendide long-métrage du grand maître italien a pris l’affiche à Québec le 25 décembre, trop tard pour figurer dans notre top 10 de 2015. Il s’agissait de réparer cette erreur : avec Youth, le récipiendaire de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère de 2014 pour La Grande Bellezza livre une œuvre visuellement éblouissante, parfaitement maîtrisée, émouvante jusqu’à fendre l’âme.

Quant aux personnages qu’on croise dans le luxueux hôtel alpin qui sert de décor à cette tragicomédie décadente et nostalgique, ils sont tout simplement inoubliables. Michael Caine, en chef d’orchestre vivant retiré du monde ; Rachel Weisz, en fille aimante et en femme trahie ; Harvey Keitel, en réalisateur obsédé par son film-testament ; Jane Fonda, en star hollywoodienne aussi vulgaire que franche : tous offrent d’immenses compositions. Une merveille.

À voir aussi : 10. Hacksaw Ridge, de Mel Gibson ; 9. The Club, de Pablo Larrain ; 8. Spotlight, de Tom McCarthy ; 7. Deepwater Horizon, de Peter Berg ; 6. Anthropoid, de Sean Ellis ; 5. Captain Fantastic, de Matt Ross ;  4. Mustang, de Deniz Gamze Ergüven.
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