Le Musée des Beaux-Arts du Québec accueillait samedi soir la formation Erreur de type 27 et son spectacle Aurores boréales : art inuit et musique contemporaine.

Grands espaces et grandes œuvres

 

Pour le premier volet de l’évènement musical, le spectateur était invité à parcourir la collection d’art inuit Brousseau, accompagné d’une bande sonore électroacoustique de Philippe Le Goff. Cette dernière, qui avait pour but de laisser l’auditeur créer ses propres liens, exposait tour à tour des bruissement de plumes, des crissements de pas, de l’écume se fracassant sur le rivage, le tout entrecoupé de brèves interventions instrumentales (percussions, intervalles dissonants aux cordes) et de bribes de discussions.

Des images plein la tête, le public nombreux était fin prêt pour la portion concert, en compagnie de Marie-Hélène Breault (flûte), Mélanie Bourassa (clarinette), Catherine Meunier (marimba), Jean-Luc Bouchard (percussions), Pamela Reimer (piano), Benoît Cormier (violon), Michelle Seto (violon), Mary-Kathryn Stevens (alto), Nicolas Cousineau (violoncelle) et Étienne Lépine-Lafrance (contrebasse).

La première œuvre, Anerca I de Milton Barnes, était une démonstration sensuelle et raffinée des possibilités de la contrebasse en tant qu’instrument soliste, par la force expressive de l’atonalité et par les techniques de jeu inusitées (par exemple, le jeu dans le haut des cordes, au niveau de la volute).

 

La seconde pièce, Fertility Rites de Christos Hatzis, synthétisait efficacement l’acoustique et de l’électronique, grâce à une interprétation brillante au marimba additionnée d’une bande sonore composée de chants de gorge et de phrases musicales au marimba qui faisaient écho à l’instrument réel. 

Cercles du Nord Ide Derek Charke, mâtiné de mouvements d’archet circulaire, utilisait le quatuor à cordes pour décrire divers aspects de la vie inuit. En seconde partie, la surabondance des sons très aigus diminuait l’effet inquiétant. La troisième partie de l’œuvre, avec le son granuleux des archets fortement appuyés et le rythme effréné, était le moment fort, avec sa finale puissante, musiciens debout, terminant la première partie d’un cri.

L’entracte fut suivi d’une pièce solo pour la flûte, Icicle de Robert Aitken : court, efficace, livré avec classe.

Ariane Nantel, étudiante à l’Université Laval, par sa composition Airniit (commandée pour l’occasion), jongle à merveille avec les timbres des instruments qu’elle a à sa disposition (coup de cœur pour la thunder sheet) pour nous transporter dans un univers peuplé de démons et d’esprits.

La dernière œuvre au programme, Vox Balaenae, de George Crumb était, malgré quelques longueurs (le chant dans la flûte, qu’évoquait-il au juste ?), truffée de belles trouvailles sonores provoquées par un jeu pianistique dans le ventre de la bête, sur les cordes, pour obtenir des sonorités rappelant le piano préparé de John Cage. 

Consulter le magazine