Photo: courtoisie, Julien Lambert

Un high five à la mort

À la veille du G7, le Carrefour international de théâtre présentait son avant-dernier spectacle Cold Blood, venu de Belgique, à la salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre. Un tout petit spectacle multidisciplinaire qui nous amène dans un rêve grandiose. L’oeuvre de Michèle Anne De Mey, Jaco Van Dormael et le collectif Kiss & Cry est encore présentée les 7 et 8 juin.

Qui aurait pu penser que des mains pouvaient être spectaculaires? Le cinéaste belge Jaco Van Dormael, et sa compagne la chorégraphe Michèle Anne De Mey l’ont imaginé et le démontre ici, pour une deuxième fois avec Cold Blood. En 2012, ils ont conçu le spectacle Kiss & Cry, sur le thème de la mémoire, de la nanodanse (la danse des mains) capté en direct et projeté sur grand écran comme un film, l’histoire prenant forme grâce à une voix hors champ signée par Thomas Gunzig.

L’équipe entière derrière ce succès mondial a choisi de poursuivre leur folle aventure avec un nouveau spectacle, cette fois-ci sur la thématique de la mort. Une mort inévitable pour tous, mais qui est unique à chacun. Même si le thème peut paraître macabre, la poésie et l’humour de Van Dormael, connu pour ses films Mr. Nobody et Le tout Nouveau Testament, rendent la pièce ludique et lumineuse.

Illusions d’optiques

Au-delà de la chorégraphie des mains des deux danseuses et du danseur, on assiste à un véritable ballet technique. L’ensemble des déplacements sur scène est réglé au quart de tour pour que le film créé en direct soit magnifique et cohérent. Le spectateur n’assiste pas seulement à une projection de danse, il assiste aussi à un spectacle de danse et au making-of d’un film. Son regard doit donc valser de droite à gauche de la scène pour tenter de tout saisir de la magie qui opère devant lui.

Même si l’envers de la caméra est complètement mis à nu, il y a des effets qui laissent sans voix. Il est impossible de tout déceler les tours de passe-passe au premier coup d’oeil, comment une ombre peut se mettre à danser différemment de la main qui la projette? C’est merveilleux et on est encore plus émerveillé lorsqu’on réalise la simplicité de la technique derrière ce tour. Bien que nous voyons les décors et les interprètes se placer devant les caméras, les images du film surprennent à tout coup. Grâce aux effets de lumière, la superposition de plans et les subtilités des minuscules décors, nous découvrons autre chose que ce à quoi on s’attendait.

Cet objet scénique unique ne fait pas qu’éblouir, il amène à un autre niveau la danse, le théâtre et le cinéma. Que l’on aime les trois disciplines ou une seule ce spectacle ne peut nous laisser indifférent. Chaque aspect complète l’autre à la perfection pour créer un tout sublime, c’est une oeuvre que l’on pourrait voir cent fois sans pourtant revoir la même pièce tellement il y a de chose à observer. Vos mains ne danseront peut-être pas après le spectacle, mais elles applaudiront c’est garanti.

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