Jour 1 du Festival d’été de Québec : Les voix humaines

46ième édition pour le Festival d’été de Québec (FEQ), rendez-vous estival incontournable dans la Vieille-Capitale, machine qui ne cesse de grossir et qui vit peut-être une année charnière dans sa récente histoire. Panorama de cette première journée du jeudi 4 juillet 2013, qui réservait déjà des conflits d’horaire.

Cyril Schreiber

Tout a commencé sur le coup de 18h au Cercle, avec la prestation du trop rare Nicolas Repac par chez nous, le complice du chanteur français Arthur H, qui produit depuis quelques années des albums solo remarqués. C’est le plus récent en date, Black box, qui était à l’honneur lors de ce spectacle durant lequel il jouait dans un cube noir, seul sur scène, entre son ordinateur portable et de vrais instruments. Le public, pour la plupart assis, a été envoûté voire hypnotisé par la musique de Repac, qui fait voyager, à écouter presque les yeux fermés. Un spectacle aussi fort visuellement (il y avait de belles projections) que d’un point de vue sonore.

Direction ensuite les Plaines d’Abraham, pour voir de visu la nouvelle scène aménagée, « science-fictionnelle » selon l’expression de Michel Rivard. C’est Catherine Major qui a eu l’honneur d’inaugurer cette nouvelle scène dans le cadre du FEQ, après les traditionnels discours d’ouverture. Nouvellement maman pour la seconde fois, Catherine Major reprenait du service sur scène pour ce spectacle exceptionnel, annoncé il y a relativement peu longtemps. Entourée de ses quatre fidèles musiciens (Mathieu Désy, David Laflèche et Alex McMahon) et assise derrière son piano à queue, Catherine Major a pigé dans son large répertoire, en chantant ses chansons pop classique à une saveur plus rock, histoire d’occuper cet espace si grand. La pluie a venu gâcher rapidement la prestation, mais cela n’a heureusement en rien altéré la qualité de la musique d’une des plus belles plumes dans la chanson québécoise actuelle.

Tradition oblige, c’est encore une fois cette année un spectacle 100 % francophone qui a ouvert le FEQ. Pas un spectacle télévisé où des artistes français et québécois se renvoient la balle durant un (souvent) trop long moment, mais bien Quand le Québec chante, créé l’année dernière pour souligner les 10 ans de la Semaine internationale de la chanson de Québec, et présenté notamment au Grand Théâtre de Québec. Au programme, près de 400 choristes (Le Grand Chœur), et cinq chanteurs incontournables et importants de la chanson québécoise : Laurence Jalbert, Daniel Lavoie, Paul Piché, Michel Rivard et Richard Séguin. L’événement, car c’en était un, avait malheureusement lieu sous la pluie, tout du moins par intermittences. Rien cependant pour gâcher le plaisir des mélomanes francophones, qui ont pu apprécier des réarrangements multi-voix de succès de la chanson québécoise, livrés toujours de manière impeccable et impressionnante. Il est de plus toujours intéressant de voir comment ces classiques ont été réarrangés pour l’occasion. Et si parfois il y en a plus que le client en demande, l’équilibre sonore  entre les choristes et le chanteur a été dans l’ensemble bien respecté. À mi-parcours, le courageux public des Plaines d’Abraham a eu droit à un ajout spécial pour souligner les 50 ans de la mort d’Édith Piaf : Luce Dufault, qui n’a pas volé sa place, est venu chanter trois chansons de la Môme, soit La vie en rose, Mon dieu et Non je ne regrette rien. Un complément inédit bien sympathique. Ce fut un spectacle certes copieux et imparfait – les conditions extérieures ne sont jamais idéales – mais imposant et incontournable, qui a alterné efficacement entre chansons rythmées et ballades. La dernière portion où les six chanteurs sont présents sur scène, avec des titres plus énergiques et rassembleurs, fut cependant la meilleure. La chanson québécoise n’a jamais été aussi vivante qu’avec ce spectacle.

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