Crédit photo : Claudy Rivard

Jour 3 du Festival d’été de Québec : chaleur, sueur et rock

C’était un premier samedi beau et chaud qui attendait les festivaliers au Festival d’été de Québec. Si le Parc de la Francophonie réservait une belle soirée 100 % québécoise avec Chloé Lacasse, Karim Ouellet et Cœur de pirate, et que la programmation de l’Impérial était aussi très tentante (Ponctuation, The Besnard Lakes et The Joy Formidable), la scène Bell des Plaines d’Abraham était encore une fois le point de rendez-vous incontournable.

Cyril Schreiber

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Au programme du plus grand site du festival, un trio d’artistes américains donnant dans le bon rock comme il ne s’en fait malheureusement plus beaucoup. En ouverture, sur le coup de 19h, Father John Misty, alias Josh Tillman, jadis membre du groupe Fleet Foxes. Sûrement l’artiste le plus calme des trois, mais ne manquant pas d’énergie par moments, l’Américain venait présenter les chansons de son plus récent album, Fear Fun. Accompagné par ses 5 musiciens (et se présentant comme le Wu-Tang Clan avant le spectacle, en référence au groupe de la veille sur la même scène), le barbu à lunettes de soleil n’a pas hésité à s’adresser régulièrement au public en anglais, le tout avec une bière à la main (une Boréale, dont il s’est inventé porte-parole) sur le devant de la scène. Il semblait décontracté et heureux d’être là, et nous heureux d’entendre sa musique folk-rock fort agréable à l’oreille et parfaite pour ce beau samedi soir d’été qui sentait les États-Unis.

Ce fut ensuite le tour d’Eagles of Death Metal de monter sur la scène des Plaines d’Abraham. La formation californienne co-fondée par Josh Homme (Queens of the Stone Age), cependant absent des tournées, a déjà sorti trois albums depuis 2004, dont le plus récent Heart on en 2008. Culte pour ses fans, Eagles of Death Metal reste relativement peu connu du grand public, tout du moins de nom : la chanson Don’t speak a en effet servi dans une publicité de Nike en 2008. Probable que vous connaissiez la musique sans connaître le groupe. Le parterre était déjà plus rempli pour ce spectacle qui a commencé avec quelques minutes de retard mais qui fut décoiffant. Aux commandes du groupe, le moustachu Jesse Hugues, un vrai rocker : tatouages, cigarette, et phrases du style « Are you ready for rock’n’roll ? », « I fuckin’ love you guys » et « Ladys, are you in the house right now ? ». Les cinq membres se sont démenés sur scène pour jouer de la manière la plus convaincante possible leurs chansons entraînantes et relativement mélodiques, malheureusement émaillées de quelques pépins techniques heureusement fort mineurs. Du vrai rock’n’roll accrocheur fait par un groupe (déjà) de référence.

C’est évidemment The Black Keys que le public de Québec attendait avec impatience. Le duo d’Akron, Ohio, composé de Dan Auerbach et Patrick Carney, en était à sa deuxième visite au Festival d’été de Québec après une première prestation en 2011 sur ces mêmes Plaines d’Abraham. Depuis, le groupe a sorti un nouvel album acclamé, El Camino, et remporté plusieurs prix, dont 4 Grammy. Le site était bondé pour cet événement musical qui s’annonçait historique et haut en couleurs et en notes.

Au programme, plusieurs morceaux de leurs derniers albums (dont les succès Howlin’ for you, Tighten up et Lonely boy), mais aussi quelques incursions du côté de leurs précédentes parutions. Au total, 19 chansons aux mélodies et riffs efficaces soutenues par de belles projections, notamment sur Next girl et Dead and gone. Auerbach et Carney, s’ils forment le noyau central du groupe, n’était cependant pas tout seuls sur scène durant un majeure partie du spectacle : deux musiciens, à la basse et aux claviers mais aussi aux autres guitares, les complétaient bien au plan musical. Il est rassurant de voir que le groupe de l’heure n’en est pas un de pop, mais bien de rock, intelligent et efficace. Un grand spectacle, comme prévu, par un grand groupe, sans doute le meilleur dans sa catégorie. The Black Keys et Québec, une histoire d’amour qui n’en est, espérons-le, qu’à ses premiers balbutiements.

Sur le chemin du retour à la maison, détour obligatoire par le Petit Impérial sur St-Joseph pour aller entendre sur le coup de 23h30 André Papanicolaou, ce guitariste notamment de Vincent Vallières et Daran, qui a sorti récemment un premier album solo, Into the woods, out of the woods. Excellent musicien, Papanicolaou a offert, dans une ambiance de bar (lire ici bruyante), une excellente performance de sa musique pop-rock blues avec des solos imparables comme lui seul en est capable, en plus de se gâter en reprenant Elvis Presley (That’s allright (mama)). En formation power trio avec Simon Blouin à la batterie et Guillaume Chartrain à la basse, Papanicolaou s’est aussi payé quelques invités de luxe en la personne de Pascale Picard, dont il a fait partie de son band, sur Lucy please come home, ainsi que du guitariste de Québec Simon Pedneault sur quelques titres. Un spectacle à l’image de l’artiste : sympathique, sans prétention et surtout très bon, idéal pour cette fin de soirée parfaite !

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