Jour 6 du Festival d’été de Québec : Du français sur la rue St-Joseph

Direction l’Impérial en ce mardi soir pour un programme 100 % franco (encore un !), avec deux groupes de France, dont l’un mené par un certain Philippe Katerine, et le troisième de Québec.

Cyril Schreiber 

Visionnez toutes nos photos sur notre page Facebook.

C’est La Jarry qui a ouvert la soirée sur le coup de 20h. Le quatuor originaire d’Orléans, qui avait fait une mini-tournée au Québec il y a deux ans, venait présenter les chansons de leurs quatre albums dont le plus récent Radio robot, sur lequel on peut entendre Martin Deschamps (oui oui, celui à qui vous pensez) sur Les cousins. Menée par les frères Benoît (chant) et David Pourteau (guitare), et complétée par Nicolas Saulnier (batterie) et Arnaud Bottin (basse), La Jarry ne s’est pas laissé décourager par la foule éparse et a livré ses chansons très rock, peut-être trop rock : la voix du chanteur Benoît Pourteau était enseveli sous les instruments, et particulièrement la guitare électrique. Ce n’est ceci dit peut-être pas un tort : les rares paroles qu’on a pu entendre laissaient présager quelque chose d’assez navrant, un rock franchouillard radiophonique où l’on ne sentait pas vraiment une attitude rock’n’roll, même si l’effort était là… On est loin de Noir Désir et du bon rock français…

La foule était un tout petit plus nombreuse pour Mauves, ce quatuor de Québec (Limoilou, précisons) qui a sorti en 2011 un premier album, Cinéma Plymouth et un mini-album, Rebrousser les Indes, en février dernier. Pour une performance de 40 minutes seulement, Mauves a déployé son répertoire sur scène avec une belle énergie. Leur musique oscille entre le rock (subtil, précisons) et la pop planante, rappelant la belle époque des années 1960 et 1970, tout en restant moderne dans leurs arrangements. Dommage, encore une fois, que la sonorisation des lieux ait été un facteur négatif, car les paroles chantées par Alexandre Martel se perdaient au loin. Un groupe indie vers qui tendre l’oreille, donc, et à revoir dans de meilleures conditions. Le nouvel album sortira le 12 novembre, l’occasion fera le larron.

La tête d’affiche de cette soirée francophone à l’Impérial était évidemment Katerine, Francis et ses peintres, un projet qui rassemble notamment le déjanté Philippe Katerine et François Ripoche, et qui a donné en 2011 le triple album 52 reprises dans l’espace, des grands classiques de la chanson française populaire reprise à la sauce Philippe Katerine. Point de Je vous emmerde ou La banane (sinon par petits bouts dans le cas de cette dernière) pour ce spectacle-événement du FEQ donc, mais bien les succès des autres, des Yeux de ma mère (Arno) à Qui c’est celui-là ? (Pierre Vassiliu) en passant par Hervé Vilard, Lio et Michel Jonasz, pour ne nommer que ceux-là. Et même 2BE3 et le célèbre duo Garou/Céline Dion Sous le vent ! Impossible de ne pas rire devant les interprétations nonchalantes et hilarantes du chanteur français sur des titres parfois sérieux. Quelques inédits étaient au programme, dont une reprise de Diane Dufresne (J’ai rencontré l’homme de ma vie), chantée expressément pour l’occasion.

La foule bruyante, qui a rempli l’Impérial sans pour autant l’afficher complet, a été ravi par la visite de Philippe Katerine, qui n’a pas manqué d’interpréter quand même son grand succès Louxor j’adore en tout dernier rappel, réarrangé, au bout de presque deux heures d’un spectacle généreux. Au-delà de l’attraction Philippe Katerine, ce qu’il y a d’intéressant dans cet exercice de style, ce sont justement les réarrangements des chansons par les quatre musiciens, qui les ramènent à une forme beaucoup plus épurée, grâce notamment à l’apport du saxophone de François Ripoche. Étrange mais pas désagréable, et surtout troublant car fait avec un grand sérieux, un grand professionnalisme. Il faut cependant avoir l’esprit ouvert et s’attendre à des relectures plus originales que parfaites, car Philippe Katerine n’a jamais été un grand chanteur, ce qui n’était pas si grave en l’occurrence. Bref, il fallait jouer le jeu, et le public de l’Impérial, lui, y a participé de plein gré.

Consulter le magazine