Klô Pelgag au Cercle : Un pays aussi doux que la folie

Ouvrir la porte du Cercle, c’était comme ouvrir une reliure, sentir l’odeur du papier et tomber quelque part, dans le terrier du lapin blanc.

Hugo Lafleur

Dans un décor surréaliste frisant l’absurde, un mannequin déguisé en cupidon côtoyait un astronaute, les deux flottant au-dessus de la scène. Une boule de ouate faisait office de nuage surplombant une scène recouverte de gazon artificiel, même jusqu’au banc de piano.

Au centre, Klô Pelgag nourrit la folie ambiante, comme le cœur de cet onirisme. En respirant fort dans le micro, elle passe de Messmer au référendum, utilisant sa répartie pour alterner entre excentricité et malaise. Lorsqu’elle chante sans instrument, son corps tangue et ses doigts d’enchanteresse vont dans tous les sens pendant que ses bras ondoient autour d’elle, comme pour lancer le sort d’une musique enchantée. Quand elle chante au piano, sa toque oscille au son de la musique et de ses mouvements de tête spontanés.

Klô est entourée d’un trio de fées jouant violon, alto et violoncelle. Un bonhomme des bois complète le quatuor avec sa contrebasse et un capitaine s’occupe des percussions, caché dans un château de tambours (communément appelé batterie). La musique est un enchantement parsemé d’arrangements de cordes qui viennent ajouter un flottement surnaturel à l’ensemble, qui ne manque pas de rythmes coquins et contagieux.

Alors que les pages tournent une à une, l’apparition du curé Mathieu Pelgag, frère de notre héroïne et arrangeur, prend tout le monde par surprise. Il s’installe au piano, mais on ne l’entend pas vraiment ; il aura beaucoup plus de succès à la guitare.

Les pièces s’enchaînent, mais laissent des riffs répétitifs s’étendre pour laisser place à des surprises : un concours de « qui crie le plus fort entre les grands et les petits », un petit tour de jonglerie, et un tour de magie. Il s’agissait d’un verre rempli d’eau, percé dans tous les sens par un crayon, qui ne laissait jamais l’eau sortir. Même le renverser à la fin ne servait à rien : la magie l’avait vidé ! Bref, un show renversant !

Photo : courtoisie, Benoît Paillé

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