Entrevue avec Koriass : « J’suis un fucking diamond in the rough » [Montréal-Nord]

Trois albums au compteur, un beau trophée qui doit trôner dans le salon familial, papa une fois – bientôt deux -, Koriass devient un incontournable de la scène rap et hip-hop québécoise. Rencontre.

« Si j’suis là c’pour récolter l’or » [Sorry]

« On rêve tous un peu à ça », glisse Koriass. Si le Félix reste une célébration de la carrière d’un artiste québécois, il y a souvent les petits favoris annuels. Pourtant, cette année, le rappeur a pu monter sur scène chercher sa statuette pour l’album hip-hop de l’année.

Difficile de faire face à la surprise et de tenter de faire un discours clair, ou de « dire quelque chose de choquant […], reconnaît Koriass. C’est un bon moment pour dire quelque chose de significatif, mais on sous-estime comme on est nerveux et comme on est content ». C’est l’improvisation qui a pris le dessus. « On a beau dire qu’on ne le fait pas pour ça, reste que c’est un prix assez significatif ». Un moment qui souligne sa carrière, ses trois albums. Mais cela ne marque pas un changement brutal dans sa vie.

« Le succès, voir la foule en train de m’encenser » [Choses]

Les réseaux sociaux aident à faire de l’autopromotion. Koriass l’a bien compris : « Je me sens privilégié d’avoir une tribune directe ». Le lien avec ses fans est fort. Pas de blabla. « Je réponds à tous mes messages », dit-il avec un large sourire. Très actif sur les réseaux sociaux, Koriass répond à tout le monde. « Faut que je prenne le temps. Des fois, il y a des gens qui me confient des trucs super deep de leur vie, qui me parlent de suicide ou de problèmes dans leur famille ». Si le public est au rendez-vous et se confie, le rappeur l’explique par son rap « introspectif et assez humain », mais aussi des paroles qui témoignent.

« Entre ma job de rapper pis ma job de père » [Supernova]

Si la notoriété du rappeur est palpable, elle n’a pas explosé depuis sa récompense si médiatisée. « Je ne suis pas Marie-Mai non plus, […] je ne peux même pas m’imaginer ce que c’est de vivre dans ses souliers », souligne t-il. S’il est reconnu dans la vie de tous les jours, il avoue que « ce n’est pas si harcelant ». Pourtant, c’est le plus souvent le soir que les groupies dégénèrent : « Dans les spectacles, les gens viennent me voir, et ça peut parfois être la folie furieuse ».

Une vie qui peut paraître dure à équilibrer. Koriass joue entre la job de « gangsta rapper » et de père. Sa carrière de musicien l’amène à avaler les kilomètres d’asphalte : « C’est toujours un peu difficile de faire de la route, c’est ce qui me brûle le plus ». Toutefois, il reste très positif en rappelant qu’il ne fait pas « de tournées de trente soirs de suite ». Il peut donc échanger sa calotte de rappeur contre celle de père assez souvent.

« Avec le temps j’ai maîtrisé l’art de devenir fou » [Devenir Fou]

Le pari fou est réussi avec la tournée Rap Queb Money Tour et ses huit dates au Québec où on retrouve Eman X Vlooper, Laud Lary Ajust et Koriass. Le 13 novembre, ils faisaient un arrêt à Québec. Rarement la salle du Cercle a été si pleine. L’espace d’une soirée, le public était obligé de jouer aux sardines. La bière coulait à flot dans cette soirée survoltée. Bref, une soirée sous le signe de « on l’échappe » qui reste imposante et mémorable. En témoigne le mal de tête certain de nombreuses personnes le lendemain matin. Un show digne de la scène rap qui n’a vraiment rien a envier à d’autres gros noms. On les attend de nouveau de pied ferme.

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