LA BALLADE DES ADIEUX, LORI LANSENS

Les romans où l’on mélange les générations sont souvent gage de succès. Lori Lansens, avec La ballade des adieux, ne fait pas exception à la règle. L’au­teure nous a habitués à des per­sonnages rocambolesques dans ses plus récents romans — des siamoises, une grosse femme en manque d’amour — mais voilà qu’elle nous arrive avec une pe­tite fille inoffensive et une vieille femme nostalgique. Loin d’être ordinaire, leur histoire nous va droit au coeur.

Addy Shadd, une vieille dame noire, habite dans une caravane miteuse près du lac Érié. De drôles de circonstances la mènent à prendre sous son aile Sharla, une jeune fille de six ans déjà bien ébranlée par la vie. Sur la route de terre poussiéreuse qui mène chez elle, Addy se prend d’affection pour la petite et doucement, elle laisse leurs destins s’entre­mêler. Avec Sharla à ses côtés, Addy a du mal à garder ses vieux souvenirs enfouis. Ses démons du passé refont sur­face, mais peut-être pourront-ils l’aider à trouver un nouveau foyer pour sa protégée. L’his­toire de ces deux amies en est une de misère, mais c’est aussi et surtout un récit d’espoir et de petites joies.

Après le vif succès de Les filles et d’Un si joli visage, les éditions Alto publient le tout premier roman de Lori Lansens, qu’elle a écrit bien avant les autres. À vue de nez, l’écriture est effectivement un peu plus brouillon, moins recherchée peut-être, mais les mots de l’Ontarienne sont tou­jours aussi efficaces. Malgré quelques petites maladresses de traduction et de typographie, le roman se lie pratiquement d’une seule traite. En compa­gnie d’Addy et de Sharla, nous passons par toute la palette des émotions et, à la fin, elles nous laissent le coeur plus léger. Leur histoire douce-amère montre bien qu’il n’est pas nécessaire d’être hors de l’ordinaire pour avoir un destin exceptionnel. La ballade des adieux prouve, encore une fois, que le bonheur trouve toujours son chemin.

Jessica Pineau

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