Pour son quatrième roman, l’auteur originaire d’Amqui a dû fouiller. D’abord, dans les souvenirs de sa mère, qui lui a livré des morceaux de sa vie de couventine dans les années 1950 à Rivière-du-Loup; puis, dans l’univers sombre et morbide de l’Allemagne de la Deuxième Guerre mondiale; également, dans l’univers de la musique classique, de l’opéra tout particulièrement – omniprésence de la Tosca de Puccini, et la fantaisie découlant du Freischütz de Weber –, pour ponctuer son œuvre de références précises à l’épreuve des éventuels lecteurs musicologues. Entre autres.

La fiancée américaine

 Pour son quatrième roman, l’auteur originaire d’Amqui a dû fouiller. D’abord, dans les souvenirs de sa mère, qui lui a livré des morceaux de sa vie de couventine dans les années 1950 à Rivière-du-Loup; puis, dans l’univers sombre et morbide de l’Allemagne de la Deuxième Guerre mondiale; également, dans l’univers de la musique classique, de l’opéra tout particulièrement – omniprésence de la Tosca de Puccini, et la fantaisie découlant du Freischütz de Weber –, pour ponctuer son œuvre de références précises à l’épreuve des éventuels lecteurs musicologues. Entre autres.

Même si elle baptise le roman, la mystérieuse fiancée venue du New Hampshire n’y fera pas long feu. Elle posera néanmoins les jalons d’un arbre généalogique en forme de toile d’araignée. De Madeleine en Madeleine (puisqu’il en faut une par génération chez les Lamontagne), de Rivière-du-Loup à Rome en passant par Montréal et Berlin, on assiste aux déboires de quatre générations de cette famille bien particulière. Dans ce récit alambiqué aux accents ataviques, presque naturalistes – puisque, selon leurs caractères et les circonstances, certains traits propres aux aïeuls font surface chez les descendants – aucune rencontre évoquée n’est superflue, et chaque évènement contribue à la composition d’un tableau coloré, vivant, voire baroque, si bien que les liens entre des personnages que tout semble opposer se font de plus en plus nombreux à chaque page.

Justement, certaines de ces coïncidences, quoique bien amenées, vont un peu trop loin pour qu’on y croie. Mais bien ennuyeux (et ennuyé!) sera le lecteur qui se braquera et refusera de se faire prendre au jeu. Ce même lâcher-prise permettra également de mieux savourer les quelques moments où le surnaturel s’invite dans la saga. Comme dans ces contes du terroir transmis de génération en génération où le réel, justement, devient difficile à cerner.

Les sections du roman mériteraient d’être appelées des actes plutôt que des chapitres. Ces premiers tableaux nous plongent dans une petite ville du Bas-St-Laurent au début du siècle et racontent la naissance et la vie du conteur/homme fort/croque-mort Cheval Lamontagne, ainsi que la jeunesse de sa progéniture. Puis, on s’attarde à la carrière naissante de Madeleine, fille du Cheval, à Montréal, avant de s’intéresser aux péripéties de son fils, à Toronto, puis à Berlin. Ce dernier entamera un échange épistolaire avec son frère jumeau, chanteur lyrique à Rome l’espace d’un tournage ambitieux. Le dénouement sera flamboyant, l’apothéose, quoi.

 Le style, fluide, léger, effréné, donne envie de se lancer à corps perdu dans un marathon de lecture tant on a à cœur le destin des Lamontagne et de tous ceux qui gravitent autour de ces personnages magnétiques. La fiancée américaine est une vraie bonne histoire, fournie, digne d’un Cheval Lamontagne bien approvisionné en gin.

Justine Pomerleau-Turcotte

Éric Dupont (Éditions Marchand de feuilles)

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