L’artiste montréalaise Raphaëlle de Groot est présentement en résidence à La Chambre Blanche.

La glaneuse d’objets

Le poids des objets est un travail entamé depuis 2009 qui s’articule autour d’une collection constituée de plus de 1700 items hétéroclites recueillis au Québec, en Alberta et en Italie. «Dans plusieurs communautés, j’ai fait des appels à la population pour recueillir des objets que les gens ont chez eux, mais qu'ils n'osent pas jeter», partage Raphaëlle de Groot, originaire de Montréal. Les éléments de sa collection vont du simple bibelot au La-Z-Boy et leur quantité est telle qu’elle a dû se louer un entrepôt à Montréal pour les loger! Généreux de leur part considérant qu’elle juge elle-même ces objets comme étant généralement «peu intéressants, laids, plates et insignifiants».

À ses anciens propriétaires, elle promet de les recueillir, de les conserver, de les garder et surtout, de les amener en voyage et en excursion. Cette trajectoire est bien décrite dans certaines pièces que l’on retrouve actuellement dans la galerie. Par exemple, un film témoigne du long périple vécu par l’artiste, transportant 173 objets divers et parcourant de nombreux villages d’Italie, à pied ou en voiture. Une photo intitulée «1273 petites choses qui ne servent plus» la montre en train de déambuler, masquée de 1273 bibelots de couleurs et de tailles différentes.

Cette démarche s’inscrit dans un intérêt pour la notion de trace: «Le poids des objets me permet de m’interroger sur la charge et la signification des objets. En construisant une nouvelle histoire autour d’eux, ils créent une suite intéressante et trouvent un sens, une valeur inattendue», pense Raphaëlle de Groot. À l’origine, les objets qu’elle a récoltés lui ont été légués avec des récits particuliers. Ils rappellent à leur propriétaire une relation d’amour ou d’amitié douloureuse, un cadeau non voulu. Les objets sont aussi donnés parce qu’ils sont brisés ou désuets. «Par différentes étapes, je prends ces choses qui existent et les réorganisent afin de révéler des dimensions, des relations oubliées, invisibles, cachées, des traces de nous-mêmes», raconte l’artiste.

Pour la suite de sa résidence à La Chambre Blanche, Raphaëlle de Groot cherchera à comprendre la relation entre ses propres objets et ceux d’une collection du Musée de la civilisation de Québec: «Je vais rencontrer le registraire des collections et j’espère produire des photos ainsi que filmer une performance au Musée qui pourra être diffusée en direct à La Chambre blanche».

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