Déjà le début de la dernière fin de semaine au Festival d’été de Québec 2012. Tandis que Sarah McLachlan et Pascale Picard occupaient respectivement les Plaines d’Abraham et la Place d’Youville, le Parc de la francophonie accueillait en ce vendredi 13 ce qui, sur le papier, promettait d’être l’une des meilleures soirées du festival. La malédiction s’est malheureusement acharnée sur nous, pauvres mortels.

La malédiction du vendredi 13

Déjà le début de la dernière fin de semaine au Festival d’été de Québec 2012. Tandis que Sarah McLachlan et Pascale Picard occupaient respectivement les Plaines d’Abraham et la Place d’Youville, le Parc de la francophonie accueillait en ce vendredi 13 ce qui, sur le papier, promettait d’être l’une des meilleures soirées du festival. La malédiction s’est malheureusement acharnée sur nous, pauvres mortels.

Cyril Schreiber

Inutile de préciser que le Pigeonnier était très bien rempli, sans être cependant complet. Autres récurrences au fil de la soirée : une sonorisation déficiente (moins pire que les soirs précédents, cependant), et un public littéralement séparé en deux. Ceux d’en avant, les vrais fans des trois groupes à l’affiche, et ceux à l’arrière, qui venaient plus alimenter leur réseau social qu’assister à un spectacle.

Le tout a commencé avec Harvest Breed, une formation de Sherbrooke née des cendres de Jake and the Leprechauns, qui fait un folk-rock qui se mélange parfois à du country. C’est peut-être le principal problème du groupe : ces va-et-vient entre différents styles musicaux laissent entrevoir une quête d’identité sonore pas encore aboutie. On passe de pièces rythmées à des ballades, de chansons folk à une proposition beaucoup plus pop et radiophonique. Ceci dit, le sextuor n’a pas ménagé ses efforts pour se faire découvrir, ne manquant pas d’aplomb sur scène. Le public, déjà bien présent, a accueilli chaleureusement Harvest Breed. Pas la découverte du siècle, mais quelque chose de bien sympathique à entendre.

C’est ensuite les Barr Brothers qui sont montés sur la scène Loto-Québec. Le quatuor mené par Brad Barr n’en est pas à sa première visite à Québec, et ce premier passage au Festival d’été n’est qu’un chapitre supplémentaire dans la relation amoureuse entre la Vieille-Capitale et le groupe désormais établi à Montréal. Les chansons de leur premier album éponyme étaient à l’honneur, et leur mélange entre un blues-rock âpre et la présence d’une excellent harpiste (Sarah Pagé) fonctionne toujours autant, notamment sur l’excellent Beggar in the morning. The Barr Brothers ont fait une prestation honnête et convaincante, mais dans la mesure du possible : les longues introductions ténues étaient étouffées par la foule, bien trop occupée à parler plutôt qu’à tendre l’oreille vers la subtilité des musiques et la voix chaude de Brad Barr. Conditions peu favorables, donc, mais espérons que le groupe sera reprogrammé l’année prochaine, en salle cette fois-ci. On vivra alors toute l’intimité et le silence nécessaires pour savourer leur délicieuse musique.

Le clou de la soirée, c’était le retour de Beirut à Québec, eux qui en étaient à un troisième passage dans la capitale depuis la naissance du groupe, notamment dans un Impérial bondé en 2009. Cette fois-ci au Parc de la Francophonie, Zach Condon et sa bande n’ont eux aussi pas joui de conditions favorables. Puisque le public était scindé en deux, la communion tant espérée n’a pas vraiment eu lieu.

Car ce spectacle était attendu : fort d’un troisième album remarqué (The rip tide), Beirut ne cesse de gagner en popularité et s’avère être une figure incontournable de l’indie folk. Son style est tout particulier : le groupe remet au goût du jour la musique des Balkans, d’Europe de l’est, cuivres à l’appui. Le résultat est unique – et le meilleur dans son genre, ça va de soi. Les fans ont d’ailleurs reconnu presque chaque chanson dès les premières notes.

Malheureusement, le sort s’est aussi acharné sur la bande de Condon, qui a fait l’effort de parler en français : leur musique n’est pas vraiment faite pour être jouée à l’extérieur, car mis à part quelques titres (dont des instrumentaux), les pièces de Beirut sont moins rythmées qu’on pourrait le croire. Les rares interventions de Condon étaient elles aussi englouties dans le bruit ambiant.

Beirut a cependant une part du blâme à prendre : leur spectacle était assez inégal, avec beaucoup de longueurs et peu de rythme. Le fait que les chansons se ressemblent globalement (il y a toujours des exceptions) n’aide en rien non plus, tout comme les éclairages inutilement agressants et aveuglants.

Excluant les rappels, leur prestation a duré une heure montre en main, une durée relativement courte mais qui est apparue longue pour certains.  Définitivement pas le meilleur spectacle de Beirut à Québec, même si la magie et le charme ont opéré à quelques moments-clés. Dommage que certains spectateurs n’aient pas voulu profiter de ces instants  trop rares dans la soirée…

Consulter le magazine