Courtoisie : Guylaine Jacob

Les hommes ( et leurs ) objets

Nouvelle mouture pour Les Enrobantes ou Cabaret décolleté pour psychanalyste plongeant après une première version en 1997, cette fois dans une mise en scène signée Bertrand Alain.

Cyril Schreiber

Courtoisie : Guylaine Jacob
Courtoisie : Guylaine Jacob

Le Théâtre Pupulus Mordicus, pour conclure cette saison 2012-2013 du Trident, revisite donc cette histoire où s’entremêle un Sigmund Freud faible, impuissant et entouré de femmes nymphomanes, le Vienne de la fin des années 1930, des soldats nazis, Jung et Mélanie Klein, et un cabaret où se produit l’irrésistible Lola…

On le sait, la signature de Pupulus Mordicus, c’est ses marionnettes. Une fois n’est pas coutume, la qualité de ses « personnages », tant physique que psychologique, grâce à la profondeur que les comédiens leur insufflent, est à souligner. Notons justement les performances de Pierre Robitaille, Valérie Laroche, Véronika Makdissi-Warren et Patrick Ouellet qui, en plus de devoir manier les créations de Robitaille, ont aussi à jouer leur propre rôle. Chez Pupulus Mordicus, la marionnette et le marionnettiste sont à la fois fusion et scission, en ce sens où l’homme donne vie à l’objet, mais reste un élément important du spectacle, qui a droit aussi à son quart d’heure de gloire.

On rit beaucoup dans Les Enrobantes : la farce est énorme, le trait volontairement grossi, voire grossier – le cabaret prend ici tout son sens, et on accepte tous les petits défauts du genre, qui auraient énervé ailleurs. Les rires fusent majoritairement à propos des scènes sexuelles ( et sensuelles ) entre les différents personnages, principaux ou secondaires, peut-être trop nombreux d’ailleurs. Du nombre, soulignons les hilarants soldats nazis, « bons aryens », ainsi que les deux fous évadés d’un asile.

On rit, sauf peut-être à la fin, où Freud prend conscience de la symbolique de son impuissance, avant de voir la pièce se conclure sur une note tragique référant à la déportation des Juifs, alors que l’intérieur de l’appartement du célèbre psychanalyste se ( re ) transforme en wagon. Changement de tonalité qui surprend, pas forcément désagréable mais à l’image de l’ensemble : varié, un peu décousu par moments, mais profondément sympathique. On ne pourra reprocher en tout cas au Théâtre Pupulus Mordicus de faire quelque chose de semblable aux autres troupes.

Quoi ? Les Enrobantes ou Cabaret décolleté pour psychanalyste plongeant
Qui ? Texte : Marie-Christine Lê-Huu, d’après une idée originale de Pierre Robitaille. Mise en scène : Bertrand Alain
? Théâtre du Trident ( Salle Octave-Crémazie du Grand Théâtre de Québec )
Quand ? Jusqu’au 18 mai 2013

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