Les oies sauvages

Le spectacle de la compagnie de St-Jean-Port-Joli Fleuve / Espace Danse dessine le cycle de vie des oies des neiges grâce à sept danseurs dévoués, trois hommes et quatre femmes.

Par Ariane Tapp

On pourrait croire que la chorégraphe d’expérience, Chantal Caron, s’est tout simplement inspirée des oies blanches pour créer son spectacle. Non. Le projet 73 ° nord vise l’imitation. Les spectateurs ont donc droit à des coups de bec, des battements d’ailes, des cris hauts perchés, des mouvements brusques du cou, et une posture constante censée représenter les oiseaux migrateurs par un torse bombé, un postérieur ressorti et des membres gracieux et pointés. On a l’impression de visionner un documentaire sur les mœurs des oies, interprété par des humains.

La danse, animale à souhait, a de quoi désarçonner, déstabiliser tout au moins. En revanche, si on se laisse aller, on finit par s’envoler avec les danseurs. Qu’on aime ou pas, on ne peut manquer de saluer la force et l’énergie de ces derniers, dans cette chorégraphie plus qu’exigeante, où les corps toujours tendus ne lâchent jamais la personnification de l’oie, même lorsque les danseurs attendent leur tour à l’entrée des coulisses.

Durant la présentation d’une heure, qui comporte quelques longueurs, le public assiste à la naissance, aux premiers envols, à la saison des amours, à plusieurs combats et à quelques exemples de la célèbre formation en V. Plusieurs fois, on se dit que le spectacle achève, qu’on a tout vu, mais les danseurs réapparaissent sans cesse sur scène, ruisselants de sueur mais toujours énergiques, et en remettent, se lançant dans de nouvelles luttes de la gent ailée.

Lorsque les lumières fondent (enfin) sur la scène, les oiseaux sont chacun dans leur coin et ne se regardent pas. On aurait préféré une finale de groupe, uni comme à son apparition en forme de nid. Dommage.

Soulignons la conception sonore de Pierre-Marc Beaudoin, créée spécialement pour le spectacle, une musique d’ambiance qui inclut vagues et cris d’oies sauvages.

En somme, 73 ° nord est un projet original, audacieux, aux formations intéressantes et aux portés impressionnants, qui n’est peut-être pas des plus accessibles, mais qui mérite les applaudissements.

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