Limoilou, mais c’est tout

Limoilou, le film était l’une des têtes d’affiche du plus récent Festival de Cinéma de la Ville de Québec. Ceux qui l’auraient manqué seront donc heureux d’apprendre que le long-métrage d’Edgar Fritz sortait en salle au cinéma Le Clap le 21 novembre dernier. Les amoureux de la Ville de Québec et du quartier Limoilou pourront donc s’y rincer l’œil, et les autres, être assez déçus.

Dans un petit local de pratique au sous-sol d’un Limoilou enneigé, deux rockers essaient de se tailler une place sur la scène musicale. Ils feront toutefois face à ces grands moments de remise en question – caractéristiques de la génération Y – et tenteront de concilier leurs ambitions artistiques avec leurs travers amoureux.

Limoilou, le film d’Edgar Fritz met en scène la Ville de Québec, ses commerces, ses musiciens, ses mystères. On peut d’ailleurs entrevoir le restaurant Pizza Gemini, la formation Mauves et des rues grises. Beaucoup de rues grises. Évidemment, le lieu de prédilection reste le quartier Limoilou, où l’action se déroule presqu’exclusivement, le montrant charmant, fascinant et perturbant dans une mélancolie bien à lui.

Malheureusement, ce sentiment de reconnaissance et d’appartenance ne suffit pas à maintenir les yeux du spectateur sur ce qu’on projette à l’écran. Vite, trop vite, on est assommés par une histoire prévisible, des personnages caricaturaux et des répliques au superflu redondant.

Le scénario de Limoilou, le film, quoique propice à la construction d’une histoire touchante et plaisante, est mal structuré ce qui le rend banal, mêlant.

Les personnages d’Edgar Fritz, quant à eux, sont d’un comique trop cliché et trop ambigu pour que le spectateur puisse s’y identifier, s’y attacher, ou simplement s’y intéresser. Le jeu des acteurs – non professionnels – n’aide pas à la crédibilité du scénario ou des personnages. Leur interprétation parfois bonne, souvent moyenne, rend certaines scènes agaçantes, et plusieurs dialogues harassants.

Bref, un fond assez futile.

La forme, elle, avec son noir et blanc, ses plans-séquences et ses vues en caméra à l’épaule inspirées de la Nouvelle Vague, n’est certainement pas à son plein potentiel. Les images, belles, riches et à la composition harmonieuse, pourraient faire le film à elles seules, si seulement les coupes et la continuité n’étaient pas déplaisantes pour l’œil. La volonté et l’effort y sont toutefois et font place à un talent en devenir qui pourrait, avec un budget plus gros, des acteurs professionnels et un scénario solide, être le gage d’un long métrage ingénieux.

Finalement, même si Limoilou, le film d’Edgar Fritz est une production amateure, elle ouvrira peut-être les portes à son réalisateur vers quelque chose de plus grand, de plus gros.

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