Livres usagés : Bonheurs d’occasion

Deux fois par année, des milliers d’ouvrages s’empilent sur les étals du Marché du livre usagé (MLU). Celui qui s’y aventure doit s’armer de patience pour y dénicher à bon prix un manuel de biologie ou un roman aux pages légèrement jaunies. Pourtant, si les tables garnies finissent par disparaître, il reste possible – et très facile – de dénicher des livres à faible coût. Suffit de savoir où regarder.

Cette semaine, manuels scolaires et romans à ne plus savoir qu’en faire envahiront les étals des quatre comptoirs du MLU. Avec les années, le Marché s’est imposé comme l’un des incontournables de la rentrée, promettant de belles économies aux étudiants des quatre coins du campus. Toutefois, au-delà du MLU, il existe tout un monde de bouquineries.

Que des avantages 

Ce n’est un secret pour personne : la principale raison d’acheter un livre d’occasion est son bas prix. « Dans une librairie d’occasion, les livres coûtent entre le quart et la moitié du prix du neuf », signale Michel Boucher, propriétaire de la librairie L’Ancre des Mots sur Maguire. Par exemple, pour un livre de poche neuf, un client « peut en avoir trois ou quatre dans l’usagé, chacun se détaillant entre 3 et 6 $ », poursuit le libraire.

En plus de réaliser des économies substantielles, le bouquineur averti pourra trouver des ouvrages qui ne sont plus disponibles dans les librairies traditionnelles. La raison en est que « les livres neufs ne restent pas sur les tablettes bien longtemps. La plupart du temps, ils sont disponibles pendant deux ou trois ans sur les rayons puis l’édition est épuisée ou on élague les ouvrages invendus », explique Michel Boucher.

Fouiner dans une librairie d’occasion, c’est aussi ouvrir la porte à des découvertes littéraires, assure Denis Néron, propriétaire de la Librairie À la Bonne occasion, sise boulevard René-Lévesque Est. Même son de cloche pour Michel Boucher pour qui bouquiner, c’est aussi « tomber sur un coup de cœur, sur des petits trésors de livres ».

Un marché difficile

Si acheter chez un libraire d’occasion est une option aussi profitable, comment expliquer la morosité du marché et la fermeture de tant de librairies ? D’abord, notre rapport au livre n’est plus le même, et la vente de livres toutes catégories confondues s’en ressent. « Il y a plus de livres qui se vendent, des livres de cuisine ou des romans par exemple, mais il y a moins de gens qui bouquinent dans une librairie, reconnaît Denis Néron. On ne considère plus le livre comme un objet culturel, mais davantage comme un objet de consommation.»

L’avènement du livre numérique y est également pour quelque chose dans la diminution de la vente de livres. « Le livre numérique gruge aussi des parts de marché des librairies d’occasion. Maintenant, on peut télécharger les œuvres complètes de Montaigne ou Voltaire pour quelques dollars seulement. Ça rend la vente de livres d’occasion encore plus difficile », énonce Michel Boucher. Si on ajoute au portrait la concurrence des bibliothèques, « qui louent des livres et les revendent à prix dérisoire », continue le libraire, on comprend mieux la difficulté avec laquelle les libraires d’occasion doivent composer.

Quelques conseils pratiques

Dénicher un coup de cœur dans une librairie, en voilà une belle quête. « Pour bien magasiner, un client peut demander conseil au libraire. Encore faut-il se poser une question, avoir le goût de lire quelque chose », conseille Denis Néron. Il est aussi pertinent de regarder l’état du livre. S’il est « propre, sans soulignement et complet », c’est une bonne affaire, atteste Michel Boucher. Les étudiants qui cherchent de belles affaires au MLU peuvent également prendre en compte « le prix de détail du livre, comparer les prix des livres sur le site du Marché et en ouvrir plusieurs pour comparer le rapport qualité-prix », recommande Caroline Aubry, présidente de la CADEUL.

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